
Mère modèle s’essaye à vie modèle. Mari modèle, enfant modèle... Enfant modèle ? Il est le grain de sable dans l’engrenage et surgit la conscience de la prison dorée dans laquelle l’héroïne s’agite. Une mère modèle ou la libération de la femme moderne.
C’est ici le portrait d’une femme ordinaire que dresse Pierre Linhart. Florence est une femme on ne peut plus ordinaire, presque banale, qui respecte à la lettre les règles que la société lui intime de suivre en docile citoyenne favorisée. Elle est bien musicienne, oui c’est un peu particulier, mais elle n’a rien d’autre pour la faire se sentir vivante. Elle vit à travers son fils Joachim, William son mari, à distance la moitié de l’année, et sa musique.
Florence et Joachim entretiennent une relation souvent houleuse. Le narrateur conte sans fard les liens mère-fils, entre ce garçon de 10 ans capricieux et cette mère contemporaine, envahie par la peur d’être mauvaise. La bien-pensance et la bienveillance absolue envers son enfant volent ici en éclats. Car ce ne sont que des discours !
Voilà une mère bien plus réelle que ce que le modèle donne à voir. (...)
patience d’ange et mère parfaite, ou liberté et mère coupable. Florence vit une douloureuse ambivalence. Un carcan implacable et un désir inéluctable de liberté.
Il est vraiment intéressant de voir que l’auteur ne craint pas de dépeindre un enfant qu’on n’arrive pas apprécier. Devant lequel on ne s’attendrit pas. (...)
Florence retourne la réalité sociale comme un gant, et après le fond du gouffre, elle soulève des montagnes. Le narrateur adresse au lecteur un clin d’œil malicieux, presque goguenard. Tu vois qu’on n’est pas obligé ! Tu vois ! (...)
Une mère modèle ouvre le lourd sujet de la maternité et de la place de la mère et épouse aujourd’hui dans une vie où tout est apparemment facile. Beaucoup s’y reconnaîtront sans doute...