
La barre des 10.000 personnes ayant fui l’Ukraine depuis l’invasion russe et qui sont arrivées en France a été franchie aujourd’hui. Les initiatives pour aider et loger les Ukrainiens fuyant la guerre se multiplient. Un élan de solidarité applaudi par les associations, qui appellent à l’élargir aux autres étrangers ayant trouvé refuge en France.
Structures d’accueil, propositions d’hébergement par milliers, délivrance express de papiers... Les Ukrainiens bénéficient d’une mobilisation sans précédent de la part du gouvernement, ce qui est positif, selon les associations.
“On se réjouit que toutes ces personnes puissent être accueillies dignement en France, estime Pierre Mathurin, coordinateur de l’association Utopia 56 à Paris. On aimerait juste que cet accueil soit harmonisé auprès des personnes de toutes nationalités qui cherchent un exil en France.”
“Une protection temporaire” historique
Les Ukrainiens arrivés dans le pays, pour deux tiers des femmes et des enfants, bénéficient du régime inédit de la “protection temporaire”, activé par l’Union européenne.
“Cette décision est historique. La protection temporaire a été créée en 2001 après le conflit en ex-Yougoslavie mais elle n’a jamais été activée”, explique Tcherina Jerolon, responsable “conflits, migrations et justice” chez Amnesty France. “On salue cette directive qui permet d’accueillir les Ukrainiens dans des conditions dignes.”
Cette protection ouvre aux Ukrainiens le droit à un hébergement et à l’obtention d’une autorisation provisoire de séjour de six mois, renouvelable jusqu’à trois ans, ou avant si le conflit prend fin. Dès leur arrivée, ils sont donc en situation régulière, sans avoir besoin de demander le statut de réfugié.
Ils pourront aussi accéder immédiatement aux soins, là où une carence de trois mois est prévue pour les demandeurs d’asile. Ils pourront également travailler, s’évitant là aussi une période de carence de six mois.
S’ils ne sollicitent pas le statut de réfugié, ils bénéficieront tout de même de l’allocation pour demandeur d’asile, “au plafond maximal de 14 euros par jour”, précise le patron de l’Ofii (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration).
« Cela confirme que l’Union européenne a les outils nécessaires pour accueillir et protéger les populations qui fuient les conflits. » Tcherina Jerolon, Amnesty France
L’activation de ces mesures inédites est pour les associations un exemple à suivre. “Nous aurions souhaité qu’elle soit appliquée par le passé à d’autres populations dans des pays en guerre, notamment en Afghanistan et en Syrie, souligne Tcherina Jerolon. Cela confirme que l’Union européenne a les outils nécessaires pour accueillir et protéger les populations qui fuient les conflits.” (...)
Pour les acteurs sur le terrain, cette décision prouve que “tout est une question de volonté politique”. (...)
Le gouvernement anticipe que le nombre d’Ukrainiens trouvant refuge en France pourrait monter à 50.000 voire 100.000 dans les prochaines semaines ou mois. Pour les associations, c’est l’opportunité d’ouvrir un débat sur la politique migratoire de la France.
“Si cet élan ne s’élargit pas aux autres exilés, on saura qu’il y a un problème explicite de racisme en France”, estime Sophie Djigo.