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Anthrostory
Que deviennent les SDF ? interdisciplinarité, terrain, université, fatalité
"Pour une fois que quelqu’un s’intéresse aux conditions de production de l’anthropologie, il ne faut pas laisser passer le coup !"
Article mis en ligne le 4 avril 2016
dernière modification le 1er avril 2016

Cet interview fascinant, quoi que très complexe et aux conclusions tragiques, est cependant très intéressant à un grand nombre de niveaux.

Sans en faire la description totale, on pourrait dire que le premier niveau est le résultat de l’enquête. Dur, presque sans appel, il est étonnant, et le fait de n’avoir aucune statistique suffisamment précise n’aide pas. Pire que tout, l’absence de contrôle sur les résultats effectifs ou non des aides données aux sans-abris. De l’argent, oui, mais pas dépensé de la façon la plus efficace, et toujours les mêmes qui en profitent (pas les sdf).

Le deuxième niveau pourrait être l’absence de suites. Il faut bien une première enquête pour avoir un premier résultat, après tout, Daniel Terrolle pourrait être un pionnier, qui ouvre un vaste champ de recherches menant à des décisions politiques solides pour tenter de changer les choses. Malheureusement, l’impression finale est plus celle d’un prêcheur dans le désert qu’autre chose…

Le troisième niveau, c’est le besoin, qu’avait déjà évoqué Marc Abélès dans les interviews que nous avions fait ensemble, de diversité dans l’enquête ethnographique et anthropologique. Marc Abélès souhaitait voir plus de teams d’anthropologues, venant de régions et de cultures différentes, chose absolument nécessaire quand on enquête sur des problèmes européens. Daniel Terrolle, lui, avoue ses limites et son besoin d’être aidé par des statisticiens, des économistes et des journalistes d’enquête. En soit, ce n’est pas nouveau et il y a déjà des teams d’anthropologues et l’interdisciplinarité existe, mais l’image de l’anthropologue reste souvent celle d’un/une solitaire sur le terrain.

Le quatrième niveau, c’est celui des médias et du rôle que les anthropologues pourraient y tenir. Nous l’avons appris dans un épisode précédent, une médiatisation en pleine enquête a mis en « danger » ses sources, qui ne voulaient plus lui donner d’informations. Dans un même temps, Daniel Terrolle dit avoir été bloqué ou censuré sur certaines publications, et ses conclusions n’ont pas suffisamment alerté les médias et le public pour, éventuellement, avoir une pression politique dans son sens. La question du rôle de l’anthropologue et de son rapport avec les médias n’est pas nouveau sur AnthroStory, et nous y reviendrons souvent, après tout, on est un (très très très petit) média, nous aussi 😉 (...)