Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Que faire de la dette et de l’euro ?
Article mis en ligne le 1er mai 2013

Un manifeste

 Daniel Albarracín, Nacho Álvarez, Bibiana Medialdea (Espagne)
 Francisco Louçã, Mariana Mortagua (Portugal)
 Stavros Tombazos (Chypre)
 Giorgos Galanis, Özlem Onaran (Grande-Bretagne)
 Michel Husson (France-)

La crise

L’Europe s’enfonce dans la crise et la régression sociale sous le poids de l’austérité, de la récession et de la stratégie de « réformes structurelles ». Cette pression est étroitement coordonnée au niveau européen, sous la direction du gouvernement allemand, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne. Il y a un large consensus pour dire que ces politiques sont absurdes et même qu’elles sont menées par des « analphabètes » : l’austérité budgétaire ne réduit pas la charge de la dette, elle engendre une spirale récessive, toujours plus de chômage, et sème la désespoir parmi les peuples européens.

Ces politiques sont pourtant rationnelles du point de vue de la bourgeoisie. Elles sont un moyen brutal - une thérapie de choc – de restaurer les profits, de garantir les revenus financiers, et de mettre en œuvre les contre-réformes néolibérales. Ce qui se passe est au fond la validation par les États des droits de tirage de la finance sur la richesse produite. C’est pourquoi la crise prend la forme d’une crise des dettes souveraines.


Le faux dilemme

Cette crise est un révélateur : elle montre que le projet néolibéral pour l’Europe n’était pas viable. (...)


Les alternatives progressistes à cette crise passent par une profonde refondation de l’Europe
(...)

Une stratégie politique de gauche devrait selon nous être centrée sur la conquête d’une majorité en faveur d’un gouvernement de gauche, capable de se débarrasser de ce carcan.

Se libérer de l’emprise des marchés financiers et contrôler le déficit. À court terme, l’une des premières mesures d’un gouvernement de gauche devrait être de trouver les moyens de financer le déficit public indépendamment des marchés financiers. C’est interdit par les règles européennes et c’est la première rupture à opérer. (...)

Un gouvernement de gauche devrait dire : « Nous ne pouvons pas payer la dette en ponctionnant les salaires et les pensions, et nous refusons de le faire. » Après la mise en place du moratoire, il devrait organiser un audit citoyen afin d’identifier la dette illégitime, qui correspond en général à quatre éléments :

  • les « cadeaux fiscaux » passés accordés aux ménages les plus riches, aux entreprises et aux « rentiers » ;
  • les privilèges fiscaux « illégaux » : évasion fiscale, optimisation fiscale, paradis fiscaux et amnisties ;
  • les plans de sauvetage des banques depuis l’éclatement de la crise ;
  • la dette créée par la dette elle-même, par l’effet boule de neige créé par la différence entre les taux d’intérêt et les taux de croissance du PIB rognés par les politiques d’austérité et de chômage.

Cet audit ouvre la voie à l’imposition d’un échange de titres de la dette permettant d’en annuler une grande partie. C’est la deuxième rupture. (...)

Une troisième rupture par rapport à l’ordre néolibéral est nécessaire, qui passe par le contrôle des mouvements internationaux de capitaux, le contrôle du crédit et la socialisation des banques. C’est le seul moyen rationnel de démêler l’écheveau de dettes. (...)

Pour résumer, l’ouverture d’une voie alternative nécessite un ensemble cohérent de trois ruptures :

  • le financement de ces émissions de dette souveraine, passées et à venir
  • l’annulation de la dette illégitime
  • la socialisation de banques pour le contrôle de crédit.
    Ce sont les moyens d’une véritable transformation sociale. Comment s’y prendre ?
    (...)

en menant la lutte sans faire de la sortie de l’euro et de l’Union européenne un préalable, un gouvernement de gauche pourrait augmenter ses marges de manœuvre et renforcer son pouvoir de négociation, en s’appuyant sur la possible extension des résistances à d’autres pays de l’UE. Il s’agit donc d’une stratégie progressiste et internationaliste, qui s’oppose à une stratégie isolationniste et nationale. (...)