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Que s’est-il passé place de la République (3) ? Informations désinformées sur les violences et les arrestations
Article mis en ligne le 12 décembre 2015

Pourquoi revenir encore, après lui avoir consacré déjà deux articles [1], sur la couverture médiatique du rassemblement de la Place de la République le 29 novembre dernier, alors que l’événement a quitté « l’actualité » ? Tout simplement parce qu’une analyse détaillée de la fabrication des informations permet de mieux comprendre comment elle peut être aussi une fabrication de désinformations.

(...) La plupart des « grands médias » se sont désintéressés du caractère pacifique du rassemblement du 29 novembre dernier, et ont présenté une version tronquée, centrée sur des affrontements, en dépit des récits et des témoignages (comme ceux que l’on peut lire et entendre sur Le blog de La Parisienne Libérée [3]), dont ils ont rarement tenu compte.

Non contents d’avoir focalisé leurs comptes rendus sur les affrontements entre certains manifestants et les forces de police, la plupart des médias, en faisant état de plusieurs centaines d’arrestations et de gardes à vue, ont laissé entendre qu’un lien direct existait entre les violences commises et les arrestations. Les articles, et plus encore les titres, laissaient supposer que ces dernières visaient les manifestants qui ont eu recours à des actions violentes, ou qu’elles étaient la conséquence de la violence de certains manifestants. Certains journaux ont aussi confusément attribué ces arrestations et les gardes à vue à de banales « échauffourées ». Ces raccourcis, volontaires ou non, confondent l’ordre chronologique des événements avec une relation de cause à effet. (...)

Mieux valent des témoins que les journalistes ?

Ce sont donc à des témoignages de manifestants (et parmi eux de certains de ceux qui furent arrêtés, voire gardés à vue) qu’il a fallu s’en remettre pour disposer d’autres versions, qui ont été très rarement diffusées et encore plus rarement recoupées par les journalistes eux-mêmes. Et quand une certaine vérité perce le mur des informations désinformées, celles-ci s’imposent sans barguigner. (...)

le bruit médiatique qui a dominé les 48 heures qui ont suivi les « incidents » de la place de la République a largement conditionné la perception que le public en a eue. Des exceptions n’ont pas manqué : elles seules sont dignes de ce que l’on est en droit d’attendre du journalisme quand tant d’acteurs – hélas – n’en attendent plus rien