En septembre 2019, des images choc d’un transfert de détenus ouïghours avaient fuité depuis le Xinjiang. Elles sont de nouveau partagées sur les réseaux sociaux ces derniers jours.
La vidéo est massivement partagée ces derniers jours, notamment sur Twitter où elle a été visionnée plus de 8 millions de fois. Le post a suscité la réaction de plusieurs personnalités publiques telles que l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, vice-président de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen, l’avocat Charles Consigny, ou encore l’humoriste Jérémie Dethelot.
On estime que plus d’1,5 million de Ouïghours et autres minorités ethniques du Xinjiang (appelé aussi Turkestan oriental), majoritairement musulmanes, ont été détenus depuis 2017 dans des camps « de rééducation politique », et que plus de 300 000 Ouïghours, sur une population d’environ 11 millions, se trouveraient en prison.
Vidéo « très inquiétante »
L’enregistrement a notamment été présenté à l’ambassadeur de Chine à Londres, lors d’une interview accordée à BBC One ce dimanche 19 juillet. Dans cette séquence visionnée plus de 6 millions de fois sur Twitter, Liu Xiaoming dit avoir déjà été interrogé sur le sujet : « Ce n’est pas la première fois que vous me [le] montrez. Je me souviens encore que l’année dernière, vous m’avez montré ce qu’il se passe au Xinjiang. » Il assure qu’il s’agit « sans doute d’un transfert de prisonniers, comme il en existe dans n’importe quel pays ». L’ambassadeur poursuit : « Les Ouïghours vivent en harmonie avec les autres ethnies du Xinjiang. » (...)
Nathan Ruser, chercheur à l’Australian Strategic Policy Institute (Aspi), avait à l’époque analysé les images. A travers les différentes inscriptions visibles sur l’écran de l’enregistrement, le spécialiste en recherche d’informations affirmait que la scène avait été filmée dans une gare située à l’ouest de Korla, dans la région du Xinjiang où le peuple ouïghour fait l’objet de fortes répressions, qui peuvent être qualifiées de génocide.
Depuis, le chercheur a affiné ses recherches, en précisant notamment la datation de la vidéo. En comparant les ombres projetées au sol avec celles visibles sur Google Earth, Nathan Ruser date aujourd’hui cette vidéo à avril 2019. Il confirme par ailleurs qu’il s’agit d’images tirées d’une surveillance de routine et obtenues par piratage à partir d’un serveur.