
Le 13 février 2012, les étudiants québécois ont lancé une grève générale au finish contre l’augmentation des droits d’inscription prévue par le gouvernement libéral dirigé par Jean Charest. Trois mois après, malgré les pressions, malgré la répression, cette grève continue toujours. Avec détermination et imagination. Et massivement.
Plongée dans cet impressionnant mouvement de colère de la jeunesse québécoise.
Droits d’inscription : + 75% en cinq ans ! (...)
Actuellement, le Québec a les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord, suite aux luttes importantes menée par les étudiants et les travailleurs québécois pour défendre un enseignement accessible au plus grand nombre possible de personnes. Au terme d’une enquête, une association étudiante a estimé à 30.000 le nombre d’étudiants issus de familles à revenus modestes qui quitteraient le parcours universitaire en cas d’application de cette mesure. (...)
dès le début, le mouvement va beaucoup plus loin qu’une simple grève des cours. Piquets de grèves, assemblées régulières, actions devant les bâtiments officiels, blocages de ponts, spectacles de rue, manifestations locales,… se succèdent et rythment le quotidien des grévistes. D’autant qu’en face, le gouvernement campe sur ses positions et refuse tout dialogue, tandis que la police intervient d’une manière inhabituellement brutale contre les actions des étudiants. Le 7 Mars, la police charge une manifestation ; il y a des dizaines de blessés, dont un étudiant qui perd un œil suite à un tir de grenade à bout portant.
La brutalité de la répression galvanise le mouvement. Intelligemment, la direction de la CLASSE multiplie les appels à la solidarité et lie le combat des étudiants à celui des autres secteurs de la population visés par les mesures d’austérité. (...)
Le 22 mars, c’est l’apothéose : la manifestation nationale réunit plus de 300.000 participants à Montréal, une des plus grandes manifestations politiques de toute l’histoire du Québec et même du Canada ! (...)
Le débat est maintenant national et occupe le premier plan de l’actualité. Il ne s’agit plus d’une discussion comptable sur quelques centaines de dollars en plus ou en moins mais d’une choix de société, entre ceux pour qui l’université est un investissement personnel permettant aux étudiants de maximiser leurs chances d’obtenir un emploi bien rémunéré et ceux qui proclament que l’accès pour tous à l’éducation supérieure est un droit et qu’il doit être gratuit. Et cette opposition déborde largement le monde de l’enseignement. (...)
A l’occasion de cette manifestation, l’idée d’un “printemps érable” fleurit, une claire référence au mouvement de contestation dans le monde arabe et au sirop d’érable, un des emblèmes du Québec. (...)
Paradoxalement, le dernier grand atout du gouvernement, c’est le fait que les trois grandes fédérations syndicales de travailleurs du Québec (FTQ, CSN) ne dépassent pas le stade du soutien verbal aux étudiants et refusent de se lancer dans la brèche ouverte par les étudiants pour organiser une lutte d’ensemble contre les mesures d’austérité. (...)
Charest a peut-être joué avec le feu. Un très large front est en train de se construire contre cette loi, qui est condamnée évidemment par les associations étudiantes mais aussi par les trois confédérations syndicales de travailleurs, l’opposition de gauche, des associations de juristes, Amnesty International,… et beaucoup d’autres. Les manifestations quotidiennes sont ainsi devenues autant d’occasions de dénoncer le tournant ultra-autoritaire choisi par le gouvernement.
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