
En France, on les appelle « études de genre », « études sur le genre » ou « études genre », mais on peut aussi parfois entendre la forme anglaise « gender studies ». Toutes ces expressions désignent un champ de recherche universitaire qui a pris naissance aux États-Unis dans les années 1970, en lien avec les revendications politiques, et plus particulièrement féministes, qui agitent les campus dans ces mêmes années. Il s’est depuis développé dans les universités du monde entier, toujours en lien et en dialogue avec le milieu militant. En France, son institutionnalisation s’est véritablement amorcée au début des années 2000.
L’expression « études de genre » s’organise autour de deux termes. Le mot « études » renvoie à un champ dans lequel sont posées des questions et menées des recherches. Il s’agit d’un espace de théorisation dans lequel des savoirs issus de différentes disciplines scientifiques dialoguent autour d’une problématique commune. Les études de genre réunissent ainsi des chercheuses et des chercheurs travaillant dans des domaines aussi variés que la littérature, la linguistique, la biologie, l’architecture, l’anthropologie, le droit, la géographie, la philosophie, l’histoire, la psychanalyse… Et la liste n’est pas exhaustive ! (..)
Les récentes polémiques sur le genre ont en effet contribué à instaurer un état de trouble tel que les scientifiques utilisant ce concept dans leurs travaux de recherche n’ont eu d’autres choix que de réagir et de se positionner. La zizanie semble avoir obligé les chercheuses et les chercheurs à sortir des universités, à écrire des tribunes dans la presse, à participer à des débats, à se rendre dans des salles de classe et sur les plateaux de télévision afin d’expliquer ce que sont et ne sont pas les études de genre. Les malentendus devaient être dissipés, tout comme devaient être dénoncées les déformations volontaires dont le concept de genre faisait l’objet. L’instrumentalisation politique de ce dernier avait en effet autorisé raccourcis, exagérations, parodies et mensonges à l’égard de ce qui se voyait publiquement qualifié d’« idéologie ». Il fallait donc dépassionner les termes du débat et expliquer que les études de genre n’ont rien d’idéologique – mais par contre tout de scientifique et de politique.
La raison d’être de cet ouvrage s’ancre logiquement dans les turbulences de ces dernières années. Sa posture est originale puisqu’il propose d’aborder les études de genre par le biais des idées reçues qui s’y rapportent. Il s’agit de décrypter ces dernières, une à une, pour y démêler le vrai du faux et comprendre les raisons pour lesquelles elles déplaisent ou effraient. Il s’agit de les contredire – le plus souvent – mais aussi parfois seulement de les nuancer ou de les reformuler. L’analyse des idées reçues sur les études de genre permettra d’aborder l’histoire et les actualités du champ de recherche, en mettant en lumière sa proximité avec le monde militant, et de donner à voir la diversité de ses objets d’étude et des questions auxquelles il tente d’apporter des réponses. (...)