
Spécialiste de la propriété intellectuelle, l’avocate défend les éditeurs indépendants face aux grands groupes de la culture. Elle a marqué un point à Bruxelles contre le projet d’OPA de Vivendi sur Lagardère, propriétaire d’Hachette.
Née à Paris dans une famille de médecins, Isabelle Wekstein grandit entre un tropisme médical et une passion pour la culture et l’engagement. « Mes parents étaient de grands lecteurs, nous allions beaucoup au théâtre et au concert. » Sur les bancs de l’école, féministe précoce, elle organise des cours d’éducation sexuelle pour les filles. Après le bac, elle passe quelques semaines en hypokhâgne, puis quelques mois en médecine, avant d’opter pour le droit. Elle devient avocate en 1986 et se spécialise en droit des affaires et de la propriété intellectuelle, le domaine qui marquera sa carrière.
Une alliée des labels indépendants
Au début des années 2000, Isabelle Wekstein se fait connaître en s’opposant au mouvement de concentration alors en cours dans le secteur de la musique. (...)
Libraire, éditeur et aujourd’hui agent littéraire, Olivier Rubinstein est un ami de la famille d’Isabelle Wekstein (« nos pères étaient au même lycée et se sont cachés ensemble pendant la guerre »). Dans les années 1990, il l’introduit dans le monde du livre. Isabelle Wekstein relit des manuscrits pour des éditeurs et des auteurs et négocie des contrats compliqués. En 2003 et en 2004, pour la première fois, elle représente devant la Commission européenne plusieurs acteurs du secteur (syndicats de libraires et maisons d’édition indépendantes) opposés au rachat de Vivendi par Lagardère. Elle « tradui[t] leurs objections en langage juridique ». Et obtient parfois gain de cause. Telle cette décision de janvier 2004 obligeant Lagardère à céder 60 % des actifs résultant de la fusion.
Une pourfendeuse des monopoles
En 2003 et 2004, pour la première fois, elle représente devant la Commission européenne plusieurs acteurs de la chaîne du livre (syndicats de libraires, d’écrivains et de traducteurs, maisons d’édition indépendantes). En décembre 2021, alors que se précise le projet de fusion d’Editis et Hachette, Isabelle Wekstein réactive le collectif d’il y a vingt ans, y associant cette fois-ci d’autres acteurs de la chaîne du livre, représentants des auteurs et traducteurs. (...)
A Bruxelles, encore, Isabelle Wekstein a remporté le 30 novembre une première victoire : la Commission européenne a décidé d’ouvrir « une enquête approfondie » sur le projet d’acquisition de Lagardère par Vivendi. Son but : « déterminer si [l]es craintes initiales en matière de concurrence sont confirmées »