
En raison de transferts d’armes peu réglementés à destination de l’Irak et de contrôles poreux sur le terrain depuis des décennies, des armes notamment belges produites par la FN Herstal se sont retrouvées aux mains du groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI) pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité à grande échelle en Irak et en Syrie.
S’appuyant sur les analyses d’experts de milliers de vidéos et d’images vérifiées, le nouveau rapport d’Amnesty International intitulé Les stocks sont pleins - L’armement de l’État islamique (Résumé en français du rapport. Voir plus bas pour le rapport complet en anglais.) dresse la liste des armes qu’utilisent les combattants de l’EI. Ces armements, majoritairement pillés dans les stocks militaires irakiens, ont été fabriqués et conçus dans plus de 20 pays différents, dont la Belgique, la Russie, la Chine, les États-Unis et des États européens. (...)
Mettant à profit la diversité des types d’armes pillées et acquises illégalement, l’EI a mené une campagne de terribles violences. Homicides sommaires, viols, actes de torture, enlèvements et prises d’otages – bien souvent perpétrés sous la menace des armes – ont contraint des centaines de milliers de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur pays ou à chercher refuge à l’étranger.
Un arsenal qui donne le vertige
La diversité et la quantité des armements de l’EI sont le résultat de dizaines d’années de transferts d’armes irresponsables vers l’Irak. Facteur aggravant, les multiples échecs en matière de gestion des importations d’armes et de mise en place de mécanismes de surveillance visant à éviter leur utilisation finale non autorisée, durant l’occupation dirigée par les États-Unis après 2003. Les contrôles bredouillants des stocks militaires et la corruption endémique des gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’Irak n’ont fait qu’aggraver le problème.
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Le document intitulé Les stocks sont pleins - L’armement de l’État islamique (rapport complet en anglais) expose la longue histoire de la prolifération des armes en Irak et la complexité des chaînes d’approvisionnement qui ont probablement mis entre les mains de l’EI certains des armements les plus récents.
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Il importe que les États du globe tirent les leçons des échecs du passé et prennent des mesures urgentes en vue de freiner la prolifération des armes en Irak, en Syrie et dans les pays ou régions instables.
Amnesty International demande à tous les États d’adopter un embargo total sur les armes destinées aux forces gouvernementales syriennes, ainsi qu’aux groupes armés d’opposition impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et d’autres graves violations des droits humains. (...)
Tous les États qui ne l’ont pas encore fait doivent signer ou ratifier sans délai le Traité sur le commerce des armes. L’un des objectifs de ce traité est de « prévenir et éliminer le commerce illicite d’armes classiques et empêcher le détournement de ces armes ». Certaines dispositions prévoient la suspension des transferts d’armes lorsqu’il existe un risque majeur qu’elles soient utilisées pour commettre de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.