
Microscopie est une émission de RFI créée et animée depuis 8 ans par le journaliste Edouard Zambeaux. Son crédo : « Microscopie est un magazine de société mêlant reportages et éclairages, qui veut partir du détail pour arriver à voir les conséquences humaines de situations ou de débats qui ne sont bien souvent évoqués que dans leur globalité. (...) Reportages et témoignages au plus près du quotidien des gens sont mis en perspective chaque semaine par des experts ou des grands témoins invités en studio ou rencontrés sur le terrain ». L’émission est très bonne. L’une de ses journalistes vient même de recevoir le prix de la Radio Suisse Romande pour un reportage produit et diffusé par Microscopie. Et pourtant, l’émission s’arrêtera le 31 octobre 2010. Pourquoi ?
E. Zambeaux le raconte sur la page Facebook de l’émission. Convoqué par la direction, il s’entend dire : « la banlieue ne mérite pas 47 minutes hebdomadaire sur RFI ». (...)
Cachez cette misère que l’on ne saurait voir, parlez-nous plutôt de ces immigrés de banlieues violents et rétrogrades (...)
Difficile de ne pas faire un lien avec une autre émission de radio écoutée ce 24 octobre, sur une autre chaîne du service public (France Culture), où l’essayiste Alain Finkielkraut poursuit sa petite entreprise de division sociale. Dans une émission intitulée « Le choc des cultures », il avait invité le sociologue Hugues Lagrange pour son livre controversé « Le déni des cultures » (voir notre dossier), le producteur Daniel Leconte pour sa prétendue enquête « La Cité du mâle » (voir notre commentaire) et Jeannette Bougrab, la nouvelle présidente de la HALDE dont il faut écouter les propos atterrants, qui référent toute analyse de l’immigration à sa propre histoire personnelle. Leurs verbatims sont là (sauf Hugues Lagrange, qui est d’un autre niveau intellectuel) : « dérive des cités sensibles », « reportage terrifiant », « monde où les européens n’ont pas leur place », « barbarie », « violence insupportable », « espèce de ségrégation sociale ou je ne sais trop quoi », « Africains avec lesquels il y a quand même un problème », « arrêtons avec ces histoires d’origine sociale, de machin »... Une bonne partie du café du commerce et de son répertoire du mépris social et de la xénophobie douce y est passée.