
Pour la campagne des départementales et régionales, le Rassemblement National a réalisé un tract national unique, avec les mêmes arguments... tout en mettant en avant la « proximité ». Plus grave, les arguments s’appuient sur des données chiffrées qui sont fausses (voire délictueuses) et malhonnêtes.
Premier chiffre avancé :
"Un mineur isolé étranger coûte 40 000€ par an au département."
Ce chiffre correspond à un coût de prise en charge de 109€/jour.
Or dans la réalité, le coût journalier varie beaucoup selon les départements. Dans le Finistère, le coût journalier est de 53€, soit 19 345€ annuel.
Conclusion : le Rassemblement National a menti en donnant un chiffre qui est plus du double de la réalité.
A noter que ce coût est spécifique aux mineurs isolés étrangers. Le département est également en charge des mineurs isolés français, pour lesquels le coût journalier est entre 150 et 200€, soit entre 55 000 et 73 000 € annuel, donc entre 3 et 4 fois plus que pour les mineurs isolés étrangers.
2e chiffres avancé par le Rassemblement National :
"60% sont en réalité majeurs."
Concernant le département du Finistère, sur les 420 jeunes étrangers ayant une prise en charge en 2019, 52,3% ont vu leur minorité contestée.
En 2020, ce taux est descendu à 32,2%.
Très loin donc des 60% annoncés par le Rassemblement National !
Et il faut être objectif, il n’est pas question de majeurs avérés, mais de jeunes qui n’ont pas pu prouver leur minorité. (...)
Certains d’entre vous vont dire : OK, mais il y en a quand même qui se font passer pour mineurs alors qu’ils ne le sont pas ?
Oui, c’est vrai. La question à se poser est... Pourquoi ?
Déjà parce que l’Europe et la France accueillent très mal les immigrés adultes. La minorité est par exemple le seul moyen d’échapper au règlement Dublin, qui impose aux exilés de demander une protection dans un pays qu’ils n’ont pas choisi. Un jeune homme seul n’a que très peu de chances d’obtenir un logement le temps de sa procédure et va donc se retrouver à la rue.
La minorité est à peu près la seule chance d’accéder à des conditions d’accueil à peu près respectueuses des droits fondamentaux.
3e argument :
"Ils sont responsables de l’explosion de l’insécurité"
Ils s’appuient pour cela sur un exemple : 2 délits/crimes par jour à Bordeaux en 2020.
Certes, il y a des débats pour savoir si Nantes devrait revenir en Bretagne, mais sauf erreur Bordeaux n’est pas concerné par cet esprit d’ouverture, il est donc étonnant que tout en mettant en avant leur souhait de "proximité", le RN s’appuye sur ce chiffre.
Cette affirmation constitue potentiellement une incitation à la discrimination et à la haine, d’ailleurs une centaine d’avocats ont déposé une plainte.
En tout cas, dans le Finistère les statistiques de la délinquance indiquent... une baisse : 15 346 actes de délinquance en 2016, contre 14 923 en 2019 (les chiffres de 2020 sont encore plus bas, mais pas représentatifs à cause des confinements).
Donc le Rassemblement National ment une fois de plus en parlant d’"explosion" de l’insécurité.
Quand le RN annonce vouloir refuser l’accueil des migrants et leur pris en charge dans le département, il annonce donc clairement refuser de protéger des centaines de mineurs et les laisser à la rue... en s’appuyant sur des chiffres faux pour le justifier.
3 arguments : 3 mensonges (...)