
L’ONG Oxfam a publié le 21 janvier dernier son rapport annuel sur les inégalités : « Services publics ou fortunes privées » – Rapport Davos 2019. De ce document de 114 pages, la plupart des médias n’ont retenu qu’une information, la plus choquante : 26 milliardaires disposeraient d’une fortune équivalente à celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Dans un contexte dominé par le mouvement des gilets jaunes, cette donnée ne pouvait que susciter de nombreux commentaires.
Grâce aux éditocrates, zélés promoteurs du libéralisme sans tâche, ces commentaires se sont plus souvent attachés à défendre ces fortunes stratosphériques plutôt qu’à les remettre en question. (...)
D’emblée, le sbire d’Arnault déclare qu’on peut avoir « une autre lecture » que celle d’Oxfam et se lance dans un discours alambiqué dont il résulte, s’il a un sens, que ces milliardaires qui ont tant d’argent le méritent… parce qu’ils sont géniaux (...)
Les inégalités de richesse, dans cette vision capitaliste de bas-étage, seraient donc des différences naturelles de génie. Dit autrement : les riches sont des génies et les pauvres, des crétins. Voilà la véritable inégalité selon le docteur Seux. (...)
À noter que David Pujadas a précédé Dominique Seux en disant « sauf en France » juste avant lui, comme pour lui souffler : le discours éditocratique est bien rodé. Tant et si bien que tous savent, par avance, ce que les uns et les autres vont raconter sur les plateaux. Et pour cause, ils se côtoient ici et là en permanence pour avancer les sempiternels mêmes arguments, qu’ils partagent, à peu de différences près.
Mais un gilet jaune, encore sur le plateau, Fabrice Schlegel, intervient pour proposer un autre regard sur le fondement des inégalités, et tempérer un peu les élans de Dominique Seux sur le « génie naturel » du capitaliste : « En France, quand on est ouvrier ou fils d’ouvrier, on a toutes les chances d’y rester. […] En France, on a ce problème, et ensuite ça génère les inégalités de salaires, etc. On a ce problème-là de déterminisme social. » lance-t-il avant de souligner l’absence de représentation des ouvriers à l’Assemblée nationale.
Question assurément centrale si l’on parle d’inégalités, mais hors-sujet selon David Pujadas (...)