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Ratonnades anti-arméniennes organisées par des fascistes turc. En France.
Article mis en ligne le 1er novembre 2020

Ces derniers jours, des ratonnades anti-arméniennes ont été organisées par des groupes de militants fascistes turcs dans différentes villes en France. Celles-ci interviennent dans le contexte de la guerre qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh – guerre entamée le 27 septembre dernier par une agression militaire de l’armée azerbaïdjanaise, avec le soutien actif de la Turquie qui a notamment transféré plusieurs centaines de mercenaires syriens issus des factions « rebelles » qu’elle contrôle.

Alors que des manifestations de soutien au peuple arménien et à l’autodéfense de l’Artsakh (nom par lequel les Arméniens désignent le Haut-Karabakh) ont lieu partout dans le monde depuis un mois, une opération symbolique de blocage de la circulation était prévue mercredi dernier par une cinquantaine de membres de la communauté arménienne au péage de Reventin-Vaugris (Isère), près de Vienne sur l’A7. Le rassemblement a été interrompu par un groupe de nationalistes turcs qui ont fait irruption armés de couteaux et de marteaux. Le soir même, un cortège d’environ 200 personnes a traversé les rues de Vienne puis de Décines (banlieue lyonnaise où vit une importante communauté arménienne, et qui abrite le premier mémorial du génocide arménien érigé en France), en scandant des slogans tels que « On va tuer les Arméniens » ou encore « Nique l’Arménie, on va vous baiser ». Des scènes similaires se sont déroulées hier soir à Dijon, où des mots d’ordre anti-arméniens et pro-Erdogan se sont fait entendre avant que la manifestation ne soit dispersée par des gaz lacrymogènes.

Les participants à ces expéditions punitives n’ont pas fait mystère de leur appartenance aux Loups Gris (ou a minima de leur sympathie pour cette organisation). De quoi parle-t-on ?

Les Loups Gris sont une organisation armée néo-fasciste, anti-communiste et panturque, fondée à la fin des années 1960 par Alparslan Türkeş (ancien colonel de l’armée turque et hitlérien revendiqué). Ils se signalent par un virulent racisme anti-arménien, anti-kurde, anti-grec et antisémite. Leur signe de ralliement – pouce, majeur et auriculaire joints – est clairement identifiable (voir image d’illustration). En cinquante ans d’existence les Loups Gris se sont rendus responsables de la mort de plusieurs milliers de personnes à travers des assassinats et massacres visant en particulier les membres des minorités ethniques, les syndicalistes, militants de gauche et combattants révolutionnaires – sur le sol turc aussi bien qu’à l’étranger. (...)

À titre d’exemple, le meurtrier des trois activistes kurdes froidement abattues de plusieurs balles dans la tête en plein Paris dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan le 9 janvier 2013, Omer Güney, était un proche des Loups Gris, aussi bien que du MIT. (...)

Les médias français, dans leur couverture des événements d’hier soir à Dijon, se sont la plupart du temps contentés d’évoquer sans plus de précisions des « groupes de Turcs » déambulant dans les rues en criant « Allah Akbar » le soir de l’attentat islamiste ayant coûté la vie à trois personnes au sein de la basilique Notre-Dame de Nice. Ce faisant ils invisibilisent, au profit d’une propagande islamophobe facile, la nature politique réelle de ces ratonnades et le contexte international dans lequel elles s’inscrivent.

Aujourd’hui, alors que le régime turc apporte un soutien total à la guerre d’agression de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh, et que le racisme anti-arménien sert de carburant idéologique à cette guerre, ses milices supplétives néo-fascistes tentent, en France, d’intimider et de semer la terreur au sein de la communauté arménienne, espérant ainsi anéantir toute manifestation de solidarité avec la lutte d’autodéfense du peuple d’Artsakh.