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Mediapart
Relations police-population : des pistes à portée de main
Article mis en ligne le 9 février 2021
dernière modification le 8 février 2021

À l’occasion du Beauvau de la sécurité, critiqué pour son entre-soi, Mediapart se penche sur les chantiers de transformation de l’institution policière. Pour améliorer la confiance des citoyens, des propositions existent, comme le montre le premier volet de notre série. (...)

En marge de ce programme « officiel », Mediapart a interrogé différents acteurs sur les changements qu’ils estimeraient bénéfiques pour la relation police-population. À travers cinq grands thèmes, ils formulent plusieurs propositions. 

Une « police de proximité » nouvelle génération 

(...) Après d’innombrables « Grenelles » et un récent « Ségur », le gouvernement a donné lundi le coup d’envoi du « Beauvau de la sécurité ». Initié en décembre par le président de la République, ce cycle de concertations étalé jusqu’au mois de mai doit déboucher sur « sept ou huit propositions très fortes », dans la perspective d’une loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi) prévue en 2022.  

Si ce grand raout a créé du remue-ménage parmi les syndicats de police représentatifs – certains n’acceptant d’y participer qu’après avoir obtenu des concessions – la méthode interroge désormais les observateurs extérieurs à l’institution. Alors que depuis des mois, le débat public se concentre sur la question des violences policières et des biais discriminatoires dans l’action des forces de l’ordre, le Beauvau prétend repenser la police sans convier les universitaires, les organisations de défense des droits de l’homme ni les habitants des quartiers populaires. 

Outre des visites gouvernementales hebdomadaires dans des locaux de police et la consultation des agents via des cahiers de doléances, huit rencontres thématiques sont prévues au cours des quatre prochains mois. Tous les quinze jours, ces tables rondes doivent réunir les syndicats de police, des représentants de la gendarmerie, des élus et des « personnalités qualifiées », dont plusieurs issues du monde de l’entreprise. 

Les participants sont invités à travailler successivement sur les thèmes suivants : le lien police-population, l’encadrement, la formation, les relations avec la justice, le maintien de l’ordre, la captation vidéo, le contrôle interne et les conditions matérielles d’exercice. Désignés comme prioritaires depuis des années, ces chantiers font l’objet de rapports publics et de réformes régulières, sans que ni les évolutions envisagées ni les constats de départ ne fassent consensus. 
(...)
Jacques de Maillard, professeur de science politique et directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), étudie cette police « visible et proche » que l’on appelle police « de proximité », « de voisinage », « de quartier » ou « de sécurité du quotidien ». L’universitaire appelle à « bien définir » ce qu’on attend de ces dispositifs, pour éviter que la proximité ne « reste un slogan ». 
Pour le chercheur, « une bonne police de proximité se composerait d’agents accessibles physiquement », grâce à des patrouilles en nombre restreint, organisées de manière décentralisée, mais aussi « accessibles relationnellement, grâce aux compétences individuelles des agents », qu’il conviendrait de « valoriser ». Ces fonctionnaires pourraient « diversifier les modes de contact » avec les habitants, selon qu’il s’agisse de personnes âgées, de commerçants ou d’associations, afin de mettre en place une « lecture des territoires par les inquiétudes de la population » plutôt que par la délinquance. 
En conséquence, Jacques de Maillard préconise que cette police-là n’agisse pas « dans une mentalité de conquête du territoire » ou avec l’objectif de sanctionner, mais dans l’optique de « contribuer à la régulation sociale et à la résolution de problèmes de sécurité ». L’universitaire concède toutefois que ce « service public disposant de la force », qu’il appelle de ses vœux, peut sembler « difficile à comprendre pour beaucoup de policiers » à l’heure où se multiplient les unités tournées vers l’intervention, telles que les BAC ou les groupes de sécurité de proximité (GSP). 
(...)

Améliorer l’accueil du public (...)

Les contrôles d’identité : encadrer, comptabiliser, évaluer (...)

La courtoisie dans les interactions quotidiennes (...)

Multiplier les espaces de dialogue (...)

« Il est très difficile de connaître l’ampleur des actions véritablement mises en place par le ministère », explique Jacques de Maillard, pour qui elles sont « très peu évaluées » et tenues à l’écart du regard public. Le déploiement de la « police de sécurité du quotidien » a ainsi donné lieu à la création des « groupes de partenariat opérationnel » (GPO), censés renforcer les liens avec les acteurs locaux, mais dont l’activité donne lieu à peu de communication. (...)

Pour remédier au « syndrome de la citadelle assiégée », Linda Kebbab, d’Unité SGP-Police, compte proposer au ministère « d’institutionnaliser les rencontres avec les citoyens ». (...)