
L’Histoire a pu nous prouver que des conflits internationaux étaient susceptibles de démarrer sur un malentendu, et qu’il n’y a finalement jamais de raisons valables de lancer une guerre. Sans en venir à cet extrême - du moins, espérons-le - Russie et États-Unis mènent actuellement un bras de fer autour de la bibliothèque d’un rabbin, exilé au moment de la Guerre froide.
Le contrôle du territoire spatial ? La main-mise sur les dernières réserves énergétiques de la planète ? Cette fois, c’est à propos d’une bibliothèque que les États-Unis et la Russie se livrent un bras de fer diplomatique et culturel. La bibliothèque du rabbin Yosef Yitzchok Schneersohn faisait la fierté de la ville de Lubavitch, avec ses 12.000 livres et 25.000 pages manuscrites.
Peu après la révolution russe de 1917, une bonne moitié de la bibliothèque est nationalisée, et 10 ans plus tard, le rabbin est jugé pour des « activités contre-révolutionnaires ». Condamné à l’exécution, sa peine est commuée en exil de l’Union soviétique, et le rabbin s’installe à Varsovie, en Pologne, avec la moitié de sa bibliothèque.
Quelques années plus tard, c’est aux États-Unis qu’il part de nouveau, devant l’avancée inquiétante de l’armée allemande. À Brooklyn, il commence une nouvelle vie, et ouvre à cette occasion de nouvelles étagères pour une bibliothèque qu’il entreprend de fournir à nouveau. Le mouvement hassidique juif orthodoxe de Brooklyn, Habad Loubavitch, a précieusement entretenu cette bibliothèque, qui s’était considérablement enrichie durant le XIXe siècle. (...)