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Amnesty International
Rencontre avec Guillaume Herbaut, le photographe qui a sillonné l’Ukraine pendant vingt ans
#ukraine
Article mis en ligne le 9 octobre 2022
dernière modification le 8 octobre 2022

Depuis huit ans, nous sommes partenaires du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. A cette occasion, le photographe Guillaume Herbaut, qui a parcouru l’Ukraine pendant 20 ans et remporté le World Press Photo 2022, présentera en exclusivité son dernier livre "Ukraine, terre désirée" (aux éditions Textuel), soutenu par Amnesty International. Rencontre avec un photographe du temps long, qui nous fait remonter aux racines d’un conflit.

« Enfant de la guerre froide, j’ai été élevé avec deux blocs, avec la peur de l’empire soviétique, la peur de la guerre atomique et l’impossibilité d’aller librement de l’autre côté. J’avais 17 ans quand le mur est tombé. Je n’avais qu’une envie : aller de l’autre côté.

En 2001, je me suis rendu à Tchernobyl. J’ai découvert l’Ukraine et j’en suis tombé amoureux. Les couleurs et les paysages me rappelaient ceux de mon enfance. J’ai grandi en banlieue parisienne, entouré de friches industrielles. Je me suis rendu compte il y a peu qu’en allant en Ukraine, c’était les territoires de mon enfance que je photographiais. J’y suis retourné chaque année, trois à quatre fois par an. Et rapidement, je me suis intéressé à la politique - en parallèle de mon travail sur Tchernobyl que j’ai poursuivi jusqu’à aujourd’hui.

Tout est allé très vite. En 2001, on était encore dans les vestiges de l’empire soviétique. En 2004, il y avait déjà une volonté d’ouverture et en particulier vers l’Europe. Lorsque la "Révolution orange" a éclaté, j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’important. À Kiev, j’ai rencontré les "oranges", les pro-européens, qui luttaient pour plus de démocratie. Puis je suis allé voir de "l’autre côté", dans le Donbass, à Donetsk, pour rencontrer les "bleus" (les "anti-oranges") qui allaient devenir les futurs séparatistes. Les tensions étaient déjà très fortes.(...)

Finalement, à la fin de la première partie de mon travail en Ukraine, j’avais les pièces d’un puzzle qui allait donner Maïdan, l’annexion de la Crimée, puis la guerre dans le Donbass...

Peu à peu, j’assistais au retour d’une nation (...)

On parle beaucoup du post-colonialisme. En fait, l’Ukraine lutte contre un colonialisme (...)