Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
01net
Réseau sociaux : de l’addiction à l’addition (1/5)
Article mis en ligne le 17 mai 2012
dernière modification le 14 mai 2012

Omniprésents, au point que certains n’imaginent pas passer une journée sans Twitter ou poster sur Facebook, les réseaux sociaux offrent des outils séduisants, dont l’utilisation pourrait se payer au prix fort. Premier épisode de notre feuilleton noir.

(...) Le fait de pouvoir garder un contact permanent – bien que virtuel – et structuré avec un grand nombre de personnes est indéniablement l’un des grands progrès de ce début de siècle. Mais quels en sont vraiment les coûts ? On le sait, le modèle des principaux réseaux sociaux consiste à monétiser un service d’interconnexion sociale en exploitant le contenu fourni par les usagers (leurs informations personnelles, le contenu de leurs communications, etc.) afin d’offrir aux annonceurs des services de publicité toujours plus ciblée. L’usager paye donc en nature, au moyen de sa « vie privée ». (...)

Wall Street attend, le souffle coupé, l’introduction en Bourse de Facebook prévue pour la fin de ce mois de mai, avec le problème crucial de l’évaluation de la société (entre 75 et 100 milliards de dollars selon les estimations), surtout après la cuisante IPO de Groupon – qui a perdu 25 % de sa valeur par rapport à son prix initial.
Plus de 1 000 salariés de Facebook – dont le chiffre d’affaires (environ 85 % de pub et 15 % de jeux, dont 13 % grâce à Zynga) est estimé à environ 3,75 milliards de dollars, avec des bénéfices records de près de 50 % – deviendront alors instantanément des millionnaires.
Les prix de l’immobilier à Palo Alto connaissent déjà une flambée mémorable, ce qui ne fait pas l’affaire des « non-techies » de la Silicon Valley, toujours affectés par la crise. Les ouvriers du tiers-monde payés un dollar de l’heure par Facebook pour approuver ou rejeter des clichés (de corps démembrés et autres horreurs, comme le révèle le Daily Telegraph), pour leur part, vivent dans une toute autre réalité.
(...)

Avec Facebook, mais également avec Google+, le montant total de vos contributions est supérieur à la somme des parties. Les données que vous générez sont soumises à des analyses automatisées de plus en plus complexes, conçues pour en extraire bien plus que ce qu’elles peuvent laisser transparaître au premier abord. L’essor des technologies prédictives, combinant les progrès de la psychologie sociale et de l’algorithmique, sont bien documentées et revendiquées haut et fort par les divers acteurs de l’industrie.
Ce que vous fournissez à votre réseau social, mais également toute votre activité de navigation externe, enregistrée et décortiquée par ce même réseau social, ouvre une fenêtre sur ce qu’en d’autres temps, on aurait pu appeler « le secret de votre âme ». (...)

Une pensée sous surveillance permanente – même si elle l’ignore – ne peut être à proprement parler « libre ». Face à ce double processus surveillance/influence, il est plus que légitime de s’interroger sur la pertinence de déployer librement sa conscience et sa vie dans le réseau des réseaux. (...)

on peut saluer Twitter pour n’avoir vendu que les données publiques, en laissant aux usagers la possibilité d’effacer de manière rétroactive les données qu’ils souhaitent, même après leur cession. (...)

Quoi qu’il en soit, même pour un site très « sobre » comme Twitter, la gratuité est toujours illusoire, et soulève toujours la question : « quel est le coût, quelle est la nature réelle de ma contribution ? » A fortiori dans le cas de Twitter, où la gratuité apparente du modèle se trouve être – selon une étude menée par l’université de Chicago – le principal facteur de dépendance, décrit comme plus addictif que l’alcool et le tabac.

Ebuzzing