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RT France
Révélations d’espionnage : « Le procès d’UC Global remet en question l’extradition d’Assange »
Article mis en ligne le 22 mai 2020

Les révélations du procès de la société espagnole accusée d’espionnage d’Assange au profit des Américains, se poursuivent. Pour Guillaume Long, interrogé par RT France, elles devraient avoir un impact sur le procès d’extradition.

Digne d’un film d’espionnage, la vie de Julian Assange continue de déployer son lot d’intrigues. Les dernières révélations mettent en lumière les méthodes employées contre le lanceur d’alerte en vue de l’espionner. Pour Guillaume Long, ex-ministre équatorien des Affaires étrangères, interrogé par RT France, elles devraient impacter le procès en extradition vers les Etats-Unis qui se tient actuellement en Grande-Bretagne.

A la suite d’une plainte de Julian Assange, une enquête a été ouverte en été 2019 visant l’Espagnol David Morales et sa société de sécurité Undercover Global (UC Global), accusés d’avoir espionné durant des années le fondateur de WikiLeaks à l’ambassade d’Equateur à Londres. Cette enquête avait déjà révélé que la société espagnole s’était permise d’agir avec zèle pour le compte des autorités américaines. Grâce à une enquête journalistique de Max Blumenthal pour son site d’information The Grayzone, relayée par WikiLeaks sur son compte Twitter, nous apprenons cette fois la manière donc UC Global aurait participé à faire échouer un plan pour faire sortir Julian Assange de l’ambassade d’Equateur, élaboré de concert par son équipe juridique et le gouvernement équatorien de Lenin Moreno – avant que celui-ci ne lâche finalement Julian Assange.

Une caméra pour l’Equateur, une autre pour « le client américain » (...)

Une source anonyme, citée par The Grayzone, impliquée dans le projet d’accorder l’immunité diplomatique à Julian Assange, révèle les pressions exercées par Todd Chapman, l’ambassadeur américain en Equateur. Le diplomate aurait mis en garde le gouvernement de Lenin Moreno contre toute tentative d’exfiltrer Assange de l’ambassade.

La même source a également déclaré à The Grayzone qu’un fonctionnaire équatorien impliqué dans la conception de la stratégie de libération d’Assange avait été agressé dans son véhicule officiel à Quito. Il se serait agit d’hommes armés et masqués, qui auraient volé au fonctionnaire son ordinateur portable contenant les informations détaillées sur le plan visant à faire sortir légalement Julian Assange de l’ambassade. Selon The Grayzone, ce vol présumé corroborerait des aveux d’un ancien employé d’UC Global devant le tribunal espagnol. A savoir : que David Morales avait mentionné le fait que « les Américains étaient désespérés » qu’il puisse être mis fin à la présence de Julian Assange dans l’ambassade. Ainsi, ils auraient opté pour des moyens plus radicaux et auraient proposé « d’activer des mesures plus extrêmes contre lui », y compris « la possibilité de laisser la porte de la mission diplomatique ouverte, en arguant que c’était une erreur accidentelle, pour permettre l’entrée et l’enlèvement du réfugié, ou même la possibilité d’empoisonner Assange », toujours selon les affirmations de l’ancien employé d’UC Global.
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Et ce n’est pas tout. Hasard du calendrier, le 21 décembre 2017, au lendemain de la rencontre de Julian Assange avec le chef du Senain, les procureurs américains ont secrètement déposé des accusations contre le fondateur de WikiLeaks devant le tribunal fédéral d’Alexandrie, en Virginie. Julian Assange y est accusé d’avoir tenté d’aider Chelsea Manning, un analyste du renseignement de l’armée américaine qui deviendra lanceur d’alerte, à déchiffrer un mot de passe crypté pour pirater un ordinateur du Pentagone et voler des documents classifiés.

A deux pas du siège de la CIA en Virginie

Du fait de ces révélations et documents versés à l’enquête espagnole, David Morales est accusé depuis octobre 2019 de violation de la vie privée d’Assange, de violation des privilèges de la relation avocat-client, ainsi que de blanchiment d’argent et de corruption. Cette enquête permettra peut-être d’établir le rôle du gouvernement américain dans l’orientation de la campagne d’espionnage d’UC Global et de révéler comment cette entreprise espagnole basée à Jerez de la Frontera (Andalousie), a trompé le gouvernement équatorien au profit de ceux que Morales appelait les « amis américains ». (...)

Les Equatoriens ne savaient rien du rôle d’agent double de Morales (...)

Ce qu’on vient de découvrir est absolument révoltant, ahurissant, c’est une atteinte très grave contre la souveraineté de l’Etat équatorien sur son territoire (...)

Contacté par RT France, Guillaume Long, ministre des Affaires étrangères de l’Equateur sous la présidence de Rafael Correa, qui a été le premier à dénoncer l’espionnage dont était victime l’ambassade d’Equateur à Londres en 2016, a commenté ces nouvelles révélations qu’il juge scandaleuses. « Si on était bien conscients d’être espionnés dans notre ambassade depuis qu’Assange y était, on ne connaissait pas tous les détails de cet espionnage », explique-t-il. « Ce qu’on vient de découvrir [grâce aux éléments de l’enquête espagnole] est absolument révoltant, ahurissant, c’est une atteinte très grave contre la souveraineté de l’Etat équatorien sur son territoire et une atteinte au droit international », s’offusque-t-il. Pour Guillaume Long, les récentes découvertes concernant UC Global sont étourdissantes : « Elles révèlent que cette société payée par l’Etat équatorien pour garantir la sécurité de notre mission diplomatique, ne travaillait en fait pas pour son employeur, avec qui elle avait une relation contractuelle, mais pour les Etats-Unis et que les nombreuses caméras qui filmaient et enregistraient tout ce qui se passait à l’intérieur de l’ambassade étaient diffusées en temps réel aux Etats-Unis. »

« Le procès d’UC Global remet en question toute extradition d’Assange » (...)

Si ceux qui amènent Assange devant les tribunaux sont les mêmes qui le persécutent, cela mine toute leur argumentation de neutralité inhérente à la démarche juridique (...)

Julian Assange se trouve actuellement en détention préventive à la prison de haute sécurité de Belmarsh, au Royaume-Uni, en attendant l’issue de son procès d’extradition vers les Etats-Unis, dont le prochain volet vient d’être reporté au mois de septembre, pour cause d’épidémie de coronavirus. Si la demande d’extradition de Washington devait aboutir, Julian Assange risquerait 175 ans de prison. Il est poursuivi en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique, ainsi que pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, dont des crimes de guerre, notamment en Irak et en Afghanistan.