
« Patrimoine commun de l’humanité », l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) doit être défendue et préservée. C’est pourquoi, de l’intérieur, est dénoncée la politique mise en œuvre ces dix dernières années. L’élection, ce mois-ci, d’un nouveau directeur général revêt une importance cruciale pour l’organisation.
...M. Matsuura s’est attelé à inféoder l’Unesco au Japon et à mettre en œuvre des « réformes » appréciées par Washington ; des Américains, « compétents et qualifiés », ont été placés à de nombreux postes-clés (9). Recruté en 2005, sous la pression de l’ex-première dame des Etats-Unis Laura Bush (nommée par M. Matsuura « ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco » jusqu’en 2012), M. Peter Smith est un bel exemple de la composition de cette nouvelle équipe...
« On liquide l’Unesco sans le dire », répète-t-on dans les couloirs. Des réactions d’indignation face au constant mépris de M. Matsuura pour les deux organes de direction se font sentir ici et là. Mais la menace réelle d’une chasse aux sorcières, ciblant ceux qui dénonceraient la corruption et un bilan catastrophique, est perceptible : peu revendiquent ouvertement de tels propos. Outre la crainte de se voir rétrogradé, muté ou bien bloqué dans son ascension professionnelle, il existe une crainte véritable de perdre plus que son poste : nombreux sont les fonctionnaires atteints de dépression ou en arrêt-maladie prolongé. D’autres, reconnus pour leur intégrité et leur professionnalisme, sont partis, écœurés
...L’état de délabrement dans lequel se trouve l’Unesco au terme du mandat de M. Matsuura est, de l’avis de nombreuses délégations d’Etat et de presque tous les fonctionnaires, anciens et nouveaux, comparable à celui dans lequel se trouvent les Etats-Unis après le mandat de M. George W. Bush...