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Route solaire : le grand gaspillage
Article mis en ligne le 23 juillet 2019

Les expériences de routes solaires développés par Colas, filiale routière de la multinationale Bouygues, se révèlent extrêmement coûteuses. Mieux vaudrait se focaliser sur le solaire rentable.... et sur les économies d’énergie.

L’hélioroute normande, inaugurée par Ségolène Royal le 22 décembre 2016, a produit deux fois moins d’électricité que prévu durant l’année 2017. Elle a coûté 5 millions d’euros. Celle qui était prévue sur la rocade marseillaise et annoncée par Ségolène Royal en 2016 a semble-t-il été abandonnée. Tout comme celle qui devait être installée sur une route régionale bretonne.

L’hélioroute parisienne, installée à Boulogne, « manque de... soleil », a titré le journal Le Parisien le 26 juillet 2018. Le même journal titrait un an plus tôt que cette route « faisait des étincelles ». Elle devait chauffer la piscine mais, en définitive, elle « cherche désespérément du soleil » confirme le média Voltage.fr. Les experts auraient découvert que les camions, voitures, motos, vélos et piétons qui passent sur la route font davantage d’ombre que prévu. Sans parler des salissures, qui font obstacle au passage de la lumière. (...)

La performance de l’hélioroute occitane, inaugurée le 3 mai 2018 par le Sicoval, fait l’objet d’un fil de discussion dédié sur le site forum-photovoltaïque.fr. Le créateur de ce fil de discussion, Trebosc, indique habiter juste à côté de cette réalisation et déclare : « Et oui, malgré l’aberration de la réalisation (des voitures passent dessus, salissent...), le peu de performance du système (3 fois moins que des panneaux sur un toit) et le coût exorbitant (10 fois plus cher que des panneaux sur un toit), de l’argent public (le vôtre, le mien) a été gaspillé », regrette ce citoyen occitan.

Le projet d’hélioroute en Ardèche a de son côté suscité la publication d’un communiqué cinglant de la part d’EELV-Ardèche dont ont fait écho Le Dauphiné et RCF : « Projet de route solaire à Privas : Du photovoltaïque 20 fois trop cher : un [écoblanchiment] coûteux et contre-productif (…). (...)


Et en Vendée ? L’hélioroute installée juste devant le collège Saint-Exupéry, à Bellevigny, était morte au bout de 18 mois d’agonie physique. Une durée de vie aussi courte est vraiment rédhibitoire pour l’Eroi (taux de retour énergétique) du système : il est fort probable que davantage d’énergie ait été consommée pour construire cette route solaire scolaire qu’elle n’a délivré d’énergie électrique durant les 18 mois en question.

Elle a été intégralement retirée par Colas et une nouvelle, de « 10e génération », a été installée début mai 2018 à la place. Contacté par Techniques de l’ingénieur, le département de la Vendée a indiqué qu’il n’avait pas déboursé un seul euro pour ce projet de remplacement. Il semble que cette remplaçante donne des signes inquiétants de vétusté après seulement quelques mois de service (...)

« La route solaire est un cas d’école, observe Olivier Appert, délégué général de l’Académie des technologies et ex-président du comité français du Conseil mondial de l’énergie. Rares sont les acteurs du secteur de l’énergie qui ont osé émettre publiquement un avis critique sur ce concept, qui est économiquement et énergétiquement absurde. Le raccordement de la route solaire normande a été effectué gratuitement par Enedis, qui a offert le service. Les 5 M € n’intègrent donc pas ce coût. Pour les établissements scolaires, un projet véritablement pédagogique serait d’inciter les élèves à avoir un comportement économe, ensuite d’isoler les bâtiments en privilégiant les approches rationnelles coût/bénéfice. »