
Un des pionniers du journalisme en ligne, racheté par « l’Obs » avant de tomber dans l’escarcelle du « Monde », perd son identité originelle et plus de la moitié de ses effectifs.
Le 21 décembre 2011, Pierre Haski, cofondateur de Rue89, annonçait en des termes optimistes le rachat du site d’information par le groupe Nouvel Observateur : « Il pérennise l’aventure de notre site en lui garantissant son indépendance éditoriale totale. […] Tout en s’intégrant dans le groupe Nouvel Obs, Rue89 restera un site autonome. […] Le groupe apportera à Rue89 les moyens de son développement. » Un peu plus de quatre ans après cette « alliance », les rêves de croissance sont terminés. Les effectifs de Rue89 vont être diminués de moitié et le site est définitivement fondu dans la version numérique de son propriétaire, dont il est déjà un simple onglet depuis plusieurs mois. Lancé le jour de l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, tel un acte de résistance politique et un contre-pouvoir médiatique, celui qui fut un des pionniers français du journalisme en ligne devient officiellement un « vertical » de l’Obs, dédié à la technologie et à la « vie numérique ». Loin, très loin de ses ambitions généralistes premières, participatives et innovantes, qui ont fait rêver (et qui ont formé) des dizaines de journalistes et séduit une fidèle communauté de lecteurs.
Coups de pression
Cette petite mort a été entérinée le 19 février, lorsque les représentants du personnel de Rue89 ont signé un accord avec la direction du groupe Le Monde (qui détient désormais l’Obs). Consulté par Libération, il acte la transformation éditoriale du site en un « rendez-vous incontournable de toutes celles et tous ceux qui cherchent à s’informer, à découvrir, à comprendre ou à mettre en perspective [la] révolution technologique et ses conséquences ».
La nouvelle donne, effective mi-mars au plus tôt, passe par un amaigrissement radical. Les salariés de Rue89, vingt-cinq aujourd’hui, vont se retrouver à onze (...)