
La Politique de destruction des maisons à toit de paille lancée depuis 2007 par le gouvernement rwandais dans le but d’améliorer la santé et le bien-être social de la population, se transforme de plus en plus en cauchemar pour nombreux citoyens qui se retrouvent dans la rue sans toit et surtout dans la période des fortes pluies.
Le Rwanda s’est lancé il y a trois ans déjà, dans une campagne visant la disparition progressive de toutes les maisons en paille, connues sous le nom de « Nyakatsi » en langue kinyarwanda. Lancée dans l’ensemble du pays à la mi-janvier 2007, la campagne contre le mal-logement s’inscrit selon le gouvernement rwandais dans un vaste programme d’amélioration de la santé et du bien-être social de la population. Cependant cette politique censée apporter l’espoir à des milliers de pauvres, s’est très vite transformée en cauchemar pour nombre d’ entre eux. Des milliers des maisons ont été détruites sans qu’une proposition de relogement soit proposée aux propriétaires. Pire encore : des maisons sont détruites sans mettre leurs propriétaires au courant. (...)
Des centaines de personnes du secteur Rugarama, district de Gatsibo dans la province de l’est du pays, se sont retrouvées sans logement après la démolition de leurs maisons. Désemparés, ces sans-abris passent la nuit à la belle étoile. Les autorités de Gatsibo sont très déterminées : toutes les maisons construites depuis deux ans, date de la mesure interdisant les constructions en matériaux non durables, doivent être démolies sans condition. La mesure est aussi appliquée sur les maisons de ce genre qui ne sont pourtant que des annexes de maisons en tôle. (...)
« Les maisons en paille sont incriminées ; car elles constituent des foyers de maladies et à l’origine des conditions d’hygiène déplorables de leurs habitants. Des milliers des maisons en paille partent en flammes chaque année ; suite à l’utilisation de feu de cuisine dans ou à proximité de ces habitations hautement inflammables ». Ce sont ce genre de justifications que le gouvernement rwandais prétexte toujours pour justifier sa politique ravageuse. (...)
Bien que quelques paysans, surtout les pygmées, affichent leur préférence pour les maisons en paille, beaucoup de gens vivent dans ces maisons à cause de l’extrême pauvreté dans la quelle ils sont plongés. (...)
Les bons chiffres de la croissance rwandaise que le régime ne cesse de vanter à qui veut l’entendre cachent bien une pauvreté sans nom à la quelle une bonne partie de la population est confrontée. « Ce taux de croissance élevé cache également des inégalités considérables et de plus en plus marquées entre classes sociales, régions et sexes ». Peut-on lire dans le rapport 2007 sur le développement humain au Rwanda. « Les inégalités, de plus en plus criantes, sont une menace à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique » a ajouté le rapport. La croissance se fait au détriment de l’immense majorité des huit millions de Rwandais qui vivent dans les zones rurales. Cela signifie que la richesse n’est pas bien distribuée, qu’elle est essentiellement captée par la population urbaine. (...)
Les orientations économiques suivies par le régime sont saluées de toute part : institutions financières internationales et autres bailleurs de fonds en tête. Il est vrai que certains progrès peuvent donner des raisons d’être optimiste : taux de croissance de 8% pour la capitale, progrès dans la lutte contre le paludisme, campagne massive d’alphabétisation, progrès dans l’éducation (l’école primaire est gratuite et obligatoire pour tous), etc. (...)
Ceux qui vivent dans ces huttes accusent les autorités d’être responsables de cette situation. En effet, depuis 2005, prétendant protéger l’environnement, les autorités rwandaises n’autorisent la fabrication des tuiles qu’aux seules coopératives.
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Ce qui est déplorable, est que ces prétendus coopératives ne sont en réalité que des entreprises dont les principaux propriétaires s’avèrent la plus part du temps être ceux qui sont chargés de mettre en exécution ce programme de combattre les maisons en paille. Comme si la polémique n’était pas à son comble, les associations qui tentent d’aider les habitants à reconstruire leurs maisons, sont obligées d’acheter, les matériaux à des prix exorbitants chez ces soi-disant coopératives, associant des individus mal intentionnés, dont le seul bût, est de s’enrichir sur le dos de la population en désarroi. (...)
Militaires, policiers, et autorités locales débarquent dans une commune sans prévenir, ils localisent les maisons en paille (pas difficile à identifier), et tout ce qu’ils font, c’est de demander si personne n’est à l’intérieur. Quand la maison est vide, ils y mettent le feu directement et restent là en attendant que la maison se consume complètement pour ensuite abattre les murs. (...)
La destruction de ces maisons se passe en violation extrême des droits de l’homme. Toute personne, homme, femme, enfant ou personne âgé, qui tente de s’interposer se voit maitrisée et rouée des coups. (...)
Epinglé par le rapport des Nations-Unies sur les massacres des réfugies au Congo, dénoncé régulièrement pour son caractère répressif et autoritaire, blâmé pour les restrictions qu’il impose à la liberté d’expression, le régime dictatorial du général Paul Kagame ne supporte pas qu’on mette en cause son mythe d’un pays qui se développe, sorte d’assurance que le régime met en avant pour compenser ces critiques dans le domaine de la démocratie. C’est pourquoi le régime s’acharne sur les populations en gommant les maisons en paille, signe d’une extrême pauvreté qui accule le pays.
lire aussi : survival : La campagne rwandaise contre les toits en chaume laisse des milliers de sans abri : Des centaines de familles pygmées batwa se sont retrouvées sans abri en pleine saison des pluies, leurs maisons ayant été systématiquement détruites ces derniers mois par le gouvernement rwandais qui a décidé de faire disparaître tous les toits en chaume du pays. (...)