
Après l’incendie qui a totalement ravagé mercredi 3 juillet vers 17h00 le local de stockage de chlorure ferrique du bâtiment de clarifloculation de l’usine Seine Aval d’Achères exploitée par le SIAAP, et comme nous l’annoncions dès le lendemain, plusieurs tonnes de poissons ont été tués par des rejets d’eaux usées non traitées dans le fleuve, et remontent à la surface, suscitant une vive indignation des riverains. Indice de la gravité de l’accident, l’un des Vice-Présidents et le DG du SIAAP sont convoqués le mardi 9 juillet à 15h30 par Emmanuelle Wargon.
Quatre mois après la fuite d’un pipeline à Autouillet, puis, déjà, deux incendies sur le site d’Achères depuis le début de l’année, une nouvelle catastrophe industrielle a frappé les Yvelines.
Mercredi 3 juillet, un impressionnant incendie ravage l’unité de clarifloculation de l’usine du SIAAP implanté sur la commune de Saint-Germain-en-Laye, site sensible, classé « Seveso 2 », qui traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciliens, ce qui fait d’elle la plus grande station d’épuration d’Europe.
Située à l’Ouest de Paris, l’usine couvre 800 hectares à cheval sur les villes d’Achères, Maisons-Laffitte et Saint-Germain-en-Laye.
Au moment de l’incendie et dans les heures qui ont suivi, un gigantesque panache de fumées noires s’est répandu, inquiétant les riverains. D’après les autorités, ce nuage noir était dû à la combustion de plastique, sans conséquences sanitaires. L’an dernier, déjà, lors d’un précédent incident, les habitants du secteur avaient vu un nuage de fumées jaunes s’élever. Il s’agit, en l’espace de quelques mois, du quatrième incident, sur ce même site.
"Problème pour les soldats du feu à leur arrivée, révélait Le Parisien, dans son édition datée du 8 juillet. Les bouches d’incendie du Siaap étaient inutilisables. (...)
Vendredi matin, le directeur du site, Yann Bourbon, confirmait l’existence d’une pollution de la Seine liée au déversement d’eaux qui n’étaient plus que « partiellement » traitées.
Le feu a pris dans un grand bâtiment de 1000 m2 qui contenait du chlorure ferrique servant à débarrasser les eaux usées de leur phosphore, embrasant cuves en plastique et toiture en lattes de bois.
Ce bâtiment, où sont traités chimiquement les eaux usées, a été « gravement et durablement endommagé (...) détruisant notamment la totalité des cuves de chlorure ferrique utilisées » dans le processus, détaillait-t-il.
C’est la troisième fois depuis début 2018 qu’un incendie a lieu dans ce site sensible classé Seveso « seuil haut » en raison de risques toxiques. Mais il n’existe « pas de lien entre ces incendies », assurait M. Bourbon.
. La préfecture indiquait pour sa part « s’interroger » sur ces incendies à répétition.
« A l’heure actuelle, le traitement normal des eaux est interrompu », (...)
Depuis l’accident, de spectaculaires photos ou videos d’amoncellement de poissons morts ont pourtant été diffusées par les medias, ou mises en ligne par des associations locales et de nombreux particuliers, notamment des pêcheurs et de bateliers, ces derniers étant massivement stationnés à Conflans-Sainte-Honorine.
Cette mortalité est due au manque d’oxygénation de l’eau, conséquence de la présence anormale de matières organiques et donc de carbone.
« (…) Les premières mesures réalisées montrent une forte chute de la teneur en oxygène du milieu, évolution susceptible d’entraîner de la mortalité piscicole » en aval de l’usine, développait le Siaap soulignait toutefois qu’en amont de l’usine, c’est-à-dire vers Paris, « cet incident n’a aucune conséquence sur l’équilibre du milieu » aquatique. (...)
Quand la mer monte…
L’odeur est pestilentielle. En cette fin de journée de samedi, le bateau affrété par le SIAAP, est arrimé au quai de l’île Peygrand, face au barrage d’Andrésy (Yvelines).
A son bord, deux bennes contiennent trois tonnes de poissons morts, mélangés à des algues et détritus divers.
« Ils ont ramassé tout ce qu’ils ont pu dans la Seine, entre le rejet de l’usine, au droit d’Herblay (Val-d’Oise), et ce barrage », expliquait Yann Bourbon, directeur du site aux medias.
Lundi, un autre bateau allait nettoyer vers Conflans
Les zones nettoyées le samedi s’étaient concentrées sur Herblay (Val-d’Oise), au plus près du rejet de l’usine, là où l’impact est le plus fort. « Il reste deux points difficiles où le bateau ne passait pas : le bras mort d’Herblay et le secteur où sont stationnées les péniches d’habitation à Conflans-Sainte-Honorine. Nous mettrons en service, dès lundi à 8 heures du matin, un petit navire qui sera plus efficace » promettait Yann Bourbon. (...)