
La ministre de l’écologie (ce qu’il en reste), Ségolène Royal, s’est engagée à indemniser le département du Tarn s’il abandonnait définitivement le projet initial de barrage de Sivens et renonçait à tout recours contre l’Etat. Une nouvelle, et énorme, bourde, à quelques jours de la décision du Conseil général du Tarn, appelé à se prononcer le vendredi 6 mars prochain sur un « scénario alternatif », alors que les tensions vont croissant sur place entre agriculteurs et zadistes.
En droit, on marche sur la tête. Politiquement nous sommes en pleine science-fiction.
De deux choses l’une, que Ségolène Royal et Thierry Carcenac n’ont jamais pu trancher. Cette affaire se règle à Paris, ou à Albi. A condition que Paris et Albi se mettent d’accord, ça se règle à l’amiable. Sinon, où Paris ou Albi tranchent unilatéralement.
Or c’est impossible, ils ne sont pas d’accord et ne le seront jamais. Et Paris ne peut mettre un terme à ce cauchemar politique, après que Manuel Valls et François Hollande aient tout cédé à la FNSEA trois jours avant le Salon de l’Agriculture…
Albi voit les choses localement, autrement dit se moque bien de l’Europe, mais se soucie énormément des cantonales. Paris ne sait pas comment éteindre l’incendie qui menace si Albi passe en force et impose un nouveau projet qui pourra lui aussi être poursuivi par l’Europe, puisque, comme l’ont établi les experts dans leur premier rapport, rien ne légitime vraiment au regard du droit européen (la Directive cadre européenne sur l’eau du 23 octobre 2000, dite DCE), un quelconque projet de barrage ou de retenue sur le Tescou…
Et maintenant, comme si cela ne suffisait pas, la dernière bourde ! « Je vous interdis de conduire à bien votre projet initial de barrage de 1 500 000m3 ». Cà on l’a tous lu et entendu. Sauf que c’est du complet pipeau ! En droit Ségolène Royal n’a rien interdit du tout, alors qu’elle aurait eu le pouvoir de le faire, mais dans ce cas là, la FNSEA fout le feu aux campagnes. Et Thierry Carcenac a dès lors raison de rappeler, comme il l’a fait à plusieurs reprises, que le projet initial n’est que « suspendu »…
Et non seulement « je vous interdis », mais vous devez choisir entre les deux « alternatives » identifiées par les experts. N’importe quoi : une collectivité locale s’administre librement et n’a pas à se voir imposer des diktats par une ministre, de surcroît spécialiste en bourdes à répétition.
Le comble, c’est ce qui ressemble à un pacte de corruption ! Vous allez choisir l’une de mes deux « alternatives », et pour faire passer la pilule, l’Êtat vous indemnisera des 2 millions d’euros déjà dépensés pour saccager la zone humide. On imagine déjà le recours qui sera porté devant la justice administrative par des citoyens qui dénonceront ce gaspillage scandaleux d’argent public, qui n’a aucun fondement en droit…
A l’arrivée, un désastre absolu (...)
De quelque côté qu’on la prenne la situation est inextricable. Tout le monde va y perdre, parcequ’un gouvernement tétanisé par la FNSEA, comme tous ses prédécesseurs, se révèle incapable de faire respecter l’Êtat de droit, impunément bafoué par une fraction de la profession agricole.
A ce stade tout n’est que pure « com » et gestion de crise, enfumage médiatique et enfilage de perles. Quelle que soit la décision annoncée vendredi, ensuite, quand il s’agira de reprendre les dossiers d’autorisation et de financement d’un quelconque projet, les châteaux de sable s’effondreront à nouveau piteusement.
Attendons vendredi et le prochain « tweet » de Calamity Royal : « Tout est pardonné » ?