
Le matin du lundi 29 janvier, nous publiions un entretien d’Antonin Bernanos, détenu à la prison de Fleury Mérogis. Il y évoquait notamment les conséquences des grèves des surveillants sur la vie des personnes incarcérées et la manière dont l’administration pénitentiaire contient toute forme d’organisation collective des détenus.
De toute évidence, on ne témoigne pas impunément de ce qui se passe à l’intérieur d’une prison. Dès le lundi après-midi, l’administration déclenchait une série de mesures répressives à l’encontre de l’étudiant en sociologie
(...) Il s’agit évidemment de comprendre le sens et de prendre la mesure de ces punitions arbitraires au sein même du système punitif. À travers la distribution individualisée de milles petites brimades et humiliations, l’institution carcérale veut s’assurer que les corps qu’elle enferme ne puissent jamais s’agréger politiquement pour être capable de remettre en cause la souveraineté qui les écrase. Le détenu doit être systématiquement réduit à l’impuissance et au silence, il n’a pas d’autre droit que celui d’être enfermé. Antonin Bernanos a eu l’outrecuidance de s’exprimer sur ce qu’il vit et sa parole s’est diffusée par-delà les murs. C’est de cette trop grande liberté que l’institution cherche à se venger. (...)