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Observatoire des inégalités
Salariés au Smic : portrait d’une France populaire
Article mis en ligne le 17 juillet 2016
dernière modification le 8 juillet 2016

5 % des salariés payés au salaire minimum sont ouvriers ou employés. Près des deux tiers sont des femmes. Les jeunes aussi sont surreprésentés.

Qui sont donc les smicards ? Qui sont ces salariés payés au minimum syndical ? On dresse rarement le portrait de cette « France d’en bas » des salaires qui chaque année attend de savoir si elle aura droit ou pas à quelques euros de plus que l’inflation. Cette France a pourtant un visage : la quasi-totalité des personnes payées sur la base du salaire minimum sont des ouvriers ou des employés, comme le montre une enquête du ministère du Travail qui n’a pas fait grand bruit lors de sa publication tant le désintérêt médiatique est grand sur la question [1]. Plus de la moitié des salariés au Smic sont des employés (caissiers, vendeurs, etc. ), alors que ces derniers représentent 29 % de l’ensemble des salariés des entreprises de dix salariés ou plus. 38 % sont des ouvriers, qui rassemblent pourtant 30 % des salariés. 22 % des smicards sont des ouvriers non qualifiés, plus de deux fois plus que leur part parmi les salariés (9 %) [2]. À l’opposé, les cadres supérieurs et professions intermédiaires ne représentent que 5 % des smicards mais 40 % de l’ensemble des salariés. Au total, un quart des employés non qualifiés et un cinquième des ouvriers non qualifiés ne touchent que le salaire minimum, contre 0,1 % des cadres et 1,9 % des professions intermédiaires. (...)

Les jeunes et les femmes, plus concernés par le salaire minimum

L’âge constitue aussi un facteur discriminant : les jeunes de moins de 25 ans sont beaucoup plus souvent rémunérés au Smic que les autres : ils constituent 5,6 % des salariés, mais 19 % de ceux qui sont payés au minimum. Au total près de trois salariés de moins de 25 ans sur dix sont payés au Smic, contre 11 % des 25-29 ans et 7 % des plus de 30 ans. Ces jeunes travailleurs sont en moyenne moins diplômés et travaillent plus souvent dans les secteurs qui emploient massivement au niveau minimum : les secteurs de l’hébergement, de la restauration et du commerce. (...)

43 % des salariés rémunérés au Smic travaillent à temps partiel, alors que c’est le cas de 17,5 % de l’ensemble des salariés. Parmi les salariés à temps partiel, plus d’un salarié sur cinq est payé au minimum, contre 5,9 % des salariés à temps complet. On oublie parfois que les salariés en temps partiel payés au Smic ne reçoivent qu’une fraction de ce salaire, proportionnelle à leur temps de travail. Un caissier employé 24 heures par semaine au salaire minimum touche 780 € nets par mois (données 2016) : s’il lui faut nourrir une famille, son niveau de vie après prestations sociales et prime d’activité sera bien en-dessous du seuil de pauvreté.

Ces données dressent le portrait de la France des plus bas salaires. Au total, toutes tailles d’entreprise confondues, 12 % de salariés – soit deux millions de personnes – sont rémunérés au Smic (voir encadré). Ils appartiennent presque exclusivement aux catégories populaires et constituent une population dans laquelle les femmes sont majoritaires et les jeunes sont surreprésentés. Un salariat très populaire qui ne connaît que de très faibles hausses de son niveau de vie, du fait des faibles revalorisations annuelles du salaire minimum.