
C’est une semaine importante pour la gauche. Alors qu’elle apparaît démobilisée, fracturée, divisée, plusieurs dizaines d’organisations, syndicats, partis et médias – dont Regards – appellent à manifester partout en France ce samedi 12 juin. L’objet de la mobilisation : la défense des libertés et la lutte contre l’extrême droite.
L’initiative a été amorcée par le député Éric Coquerel et le porte-parole de Génération.s, Thomas Portes. Mais de quelles libertés parlons-nous et quel est ce visage de l’extrême droite que l’on ne saurait voir ? Production et adoption par le Parlement de lois liberticides, usage illégal de la force par les forces de l’ordre, violences policières, entraves à la liberté de la presse – d’informer et d’être informé –, manifestations interdites, respect de la vie privée menacé : les raisons d’être inquiets sont nombreuses. Ça se passe en France où l’extrême droite dicte l’agenda politique. (...)
Comme le rappelle Attac, co-organisateur de la manifestation : « Quand des policiers, soutenus par le ministre de l’Intérieur et d’autres personnalités politiques manifestent pour avoir tous les droits face à la justice. Quand le gouvernement fait voter une loi de Sécurité globale et une loi contre le Séparatisme qui s’attaquent aux libertés publiques et au droit d’informer. Quand les polémiques sur l’islamo-gauchisme saturent les débats politiques. Quand Gérald Darmanin estime que Marine Le Pen est trop molle. Quand le gouvernement dissout l’Observatoire de la laïcité et les associations qui lui déplaisent. Quand l’extrême droite la plus radicale multiplie les actions et les provocations ». Tout y est. Il y a largement de quoi convaincre, au-delà même des rangs de la gauche de l’absolue nécessité de tirer la sonnette d’alarme. Donc de se mobiliser. (...)
C’est sur le fond qu’il faut combattre les idées du Rassemblement national. Il ne suffit plus de dire que Marine Le Pen ou son parti sont xénophobes. Ni elle, ni son parti ne peuvent prétendre incarner la défense des intérêts des plus démunis et des laissés pour compte – bien qu’elle réussisse à convaincre là où la gauche a échoué. C’est cela qu’il faut interroger. Pourquoi ? Comment peut-elle se faire passer pour la candidate du peuple ? Comment peut-elle réellement incarner la défense de l’environnement et des libertés ? Il faut que la gauche démontre l’imposture. C’est un travail de fond. Au plus près des sujets d’emploi, d’économie, de frontières : ne pas se raconter d’histoire et dire ce qu’elle propose. En attendant ce travail politique de lucidité et de pédagogie, marchons ensemble ! Rendez-vous samedi.