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Les Nouvelles News
Sandrine Roudaut, l’utopie à bras-le-corps
Article mis en ligne le 14 décembre 2015
dernière modification le 11 décembre 2015

Consultante en développement durable, auteure, conférencière, Sandrine Roudaut entend contribuer à un monde meilleur en mettant l’utopie au service de l’action très concrète.

(...) Le pragmatisme et la volonté de rendre les sujets écologiques attractifs, Sandrine Roudaut les tient d’un passé de publicitaire parisienne, sa première vie. Lorsqu’elle décide de quitter Paris avec son mari pour s’installer à Nantes, elle continue à faire de la publicité et du marketing, cette fois pour des PME. Son plus gros client, Bébé Confort, la sollicite de plus en plus pour des conseils en stratégie et prospective. « J’ai commencé à me passionner pour les sujets environnementaux et à prendre conscience de l’impasse vers laquelle la société se dirigeait », raconte-t-elle. (...)

A la naissance de sa première fille, la remise en cause est profonde et la décide à changer radicalement de métier. Dès 2001, elle enfourche le cheval du développement durable et se lance en indépendante, sans a priori ni idées préconçues. « J’ai fait ce métier par conviction. Je n’avais pas de chapelle ou de recette, j’utilisais tout ce qui marchait à l’époque pour alimenter de réels projets d’entreprise » explique-t-elle. Avant l’heure, elle perçoit l’intérêt de ce que l’on appelle aujourd’hui l’économie de la fonctionnalité, proposant par exemple à Bébé Confort des logiques d’abonnements plutôt que d’achat.

Dans le monde de la PME, cette « empêcheuse de tourner en rond » doit trouver les arguments pour convaincre. « Je n’ai jamais opposé l’économique et l’environnemental ; je cherchais à proposer des stratégies à la fois soutenables et désirables ». Parfois, les écarts sont trop importants : on lui demande de travailler sur des programmes d’éco-gestes alors qu’elle rêve de biomimétisme. D’autres fois, les faits lui donnent raison, comme lorsqu’elle alerte sur les risques liés au bisphénol A.

Ces années sont pour elle l’occasion de percevoir à quel point l’écologie peut hérisser et culpabiliser… elle apprend au fil des expériences comment inventer des projets impliquants pour contourner ces freins et faire doucement bouger les choses. (...)

Pour elle, il n’y a pas de « mauvaise » porte d’entrée à la sensibilisation sur l’environnement. Il faut trouver celle qui va toucher l’entreprise, qui va être possible culturellement. « Tout projet écologique génère tellement de satisfactions et de bon sens, qu’il en appelle d’autres ensuite », souligne-t-elle.

« Il faut impliquer les gens pour ancrer les changements, pas les rendre consommateurs de quelque chose d’autre »

Vint néanmoins le moment où toutes les réactions épidermiques, parfois violentes, contre ses propositions finissent par la questionner. (...)

Elle décide d’écrire un livre aux frontières de la philosophie et de la sociologie, créant au passage une maison d’édition : La Mer salée. Roudaut_UtopieLorsqu’elle se lance dans la rédaction de L’Utopie, mode d’emploi, son objectif est clair : « Comprendre les obstacles qui empêchent l’évolution vers une nouvelle société et les résoudre ».

Ce travail de recherche l’emmène vers un constat implacable : « Toutes les recettes du développement durable, de la RSE, de la consommation responsable, ça ne marche pas ». Acheter une voiture hybride, par exemple, ne fait pas réduire les déplacements ; alors que tenter le covoiturage amène à réfléchir, à faire des choix et changer les modes de vie en profondeur. (...)

Mais comment appliquer ces idées au monde des entreprises dans des missions de conseil ? Sandrine Roudaut met au point une approche baptisée ‘expérimentation radicale’. « Il s’agit d’être très ambitieux et utopiste sur les objectifs, et hyper pragmatique sur les moyens d’y parvenir », explique-t-elle. Avec un leitmotiv : « Donner des occasions de faire plutôt que des leçons. » Illustration avec Restoria, une entreprise de restauration collective. Un des objectifs fixés est exigeant : devenir locavore, c’est-à-dire utiliser des ingrédients produits à moins de 150 kilomètres. « Grâce à cet axe fort, nous avons été obligés de sortir du cadre, nous avons construit des solutions », se réjouit-elle.

Autre exemple : la coopérative Les Vignerons de Buzet. L’objectif prôné par Alternité était lui aussi très ambitieux : « Parvenir au ‘zéro pesticide’ alors même que ce sujet est très sensible pour eux parce qu’il implique un changement des pratiques par rapport aux générations précédentes, une rupture de l’héritage familial », souligne Sandrine Roudaut. (...)