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Sankara, Lumumba, Che Guevara : Des destins contrariés par les puissants
mardi 25 octobre - par chems eddine Chitour
Article mis en ligne le 5 novembre 2016
dernière modification le 1er novembre 2016

« Je parle au nom de ces milliers d’êtres qui sont de cultures différentes et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal. Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés, et confinés depuis des siècles dans des réserves [...] Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles [...] Oui, je veux donc parler au nom de tous les ’’laissés-pour-compte‘‘ parce que je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »

Thomas Sankara

Cette phrase : « Homo sum ; humani nihil a me alienum puto » « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » empruntée à Térence un écrivain berbère africain du deuxième siècle avant Jésus Christ, montre que Thomas Sankara connait ses humanités et se rattache à cette tradition africaine de tolérance et d’empathie envers son prochain. Il est vrai que du point de vue colonial, l’Afrique n’est pas sortie des ténèbres qu’elle est en dehors de l’historie à en croire un chef d’Etat français. Justement, dans l’histoire récente, la mémoire collective humaine reste marquée par le passage trop bref voire météoritique d’icones. Ainsi les mois d’octobre ont été à quelques égards funestes pour des personnalités qui ont marqué leur temps et ont d’une façon ou d’une autre servi et servent encore de référents quand il s’agit de lutter pour la dignité de leur peuple Il s’agit de la disparition de deux icônes du mouvement révolutionnaire qui aspiraient à un monde plus juste, Che Guevara le 9 octobre 1967 et Thomas Sankara vingt ans plus tard, en Afrique, le 15 octobre 1987. Dans le même mouvement de description de ces hommes qui moururent d’une façon violente, nous devons aussi rappeler Patrice Lumumba disparu en janvier 1961.

Quels dangers présentaient ces hommes qui, à des degrés divers, ont essayé de sortir de la dépendance idéologique dominante, à savoir l’impérialisme des pays occidentaux et, plus clairement l’exploitation des masses par un libéralisme puis par un néo-libéralisme sauvage sans état d’âme ? Indépendamment des peuples qui sont respectables quelles que soient leurs latitudes, l’oligarchie dominante impose un nouvel ordre et une doxa qui seule a droit de cité. Ces morts violentes ont en commun le fait que ces personnes dérangeaient l’ordre établi. Nous allons dans ce qui suit présenter brièvement ces apôtres du bien commun en insistant particulièrement sur le parcours méconnu de Thomas Sankara. (...)

L’indépendance octroyée est formelle. : « On ne touche pas à la Françafrique ! Aujourd’hui encore, alors que nos intérêts en Afrique sont de plus en plus menacés par la Chine, il ne fait pas bon critiquer les liens traditionnels qui unissent la France aux dirigeants de ses anciennes colonies... Depuis l’indépendance de ces pays, Paris n’a jamais cessé d’imposer sa tutelle pour préserver ses intérêts économiques et politiques (uranium nigérien, pétrole gabonais, cacao ivoirien...). Pour réaliser cette ambition, les gouvernements français successifs ont employé les moyens les plus retors : putschs, envois de mercenaires, accords secrets autorisant Paris à s’immiscer dans les affaires intérieures, constitutions de réseaux barbouillis, pressions économiques... Ces intrusions ont parfois donné lieu à des épisodes sanglants et à des massacres dans lesquels la responsabilité de la France est engagée. »(4)

On s’est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu’il faisait craindre une dérive du Congo belge vers l’Urss. On sait aujourd’hui que la CIA a aidé financièrement les opposants à Lumumba et a fourni des armes à Mobutu. Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba » (5)

« La France et la Belgique lit-on dans ce témoignage, vont-elles enfin reconnaître leurs responsabilités historiques ? C’est en tout cas un des objectifs des actions menées en France autour de l’assassinat de Thomas Sankara et en Belgique autour du meurtre de Patrice Lumumba. (...)

Dans le même ordre de la domination néo-coloniale, et l’emprise des anciennes puissances sur les richesses des pays « indépendants » d’une façon factice et dans le sillage de la création des « Printemps arabes » suite aux « révolutions colorées », après Ben Ali, Après Moubarek , le tour de la Libye est arrivé. La résolution 1973 qui fut à bien des égards une tromperie donna aux exécuteurs le droit d’assassiner le 20 octobre 2011 le chef d’Etat El Gueddafi était exécuté de la main d’une coalition franco-anglo-américaine dont le moins que l’on puisse dire est que l’on ne voulait pas de lui vivant. Il ne présentait aucun danger pour les populations. On le voit, le néolibéralisme a éliminé tous les « ismes » comme le socialisme et le communisme, sauf l’islamisme qu’il a créé pour tenter d’asseoir définitivement son hégémonie d’un ordre où 1% de riches sont plus riches que les 99% de la planète. Est-ce ainsi que les hommes vivent ?