
Pour la plupart de ceux qui ont regardé l’émission « Paroles de Français », diffusée en direct sur TF1 le 10 février 2011 (et pour une grande partie de ceux qui ne l’ont pas regardé…), la cause est politiquement entendue. Selon que l’on est plus ou moins favorable ou hostile à la politique de Nicolas Sarkozy, sa prestation lors de l’émission, aura plus ou moins satisfait ou exaspéré.
Mais médiatiquement ?
il n’est peut-être pas sans intérêt d’analyser le dispositif et le scénario du Sarkoshow pour comprendre selon quelles modalités TF1, pour tenter d’obtenir une audience qui ne se limite pas aux partisans du Président de la République (et donc ne révolte pas trop ses adversaires) a réussi à apporter son concours à une opération de communication présidentielle : comment une tentative (plutôt réussie) de conquête de l’audience a servi une tentative (très aléatoire) de conquête de l’’opinion…(...)
Deux opérations séduction en vérité : celle de TF1 et celle de Nicolas Sarkozy. Comment la première (qui seule nous intéresse ici) s’est-elle prêtée à la seconde ?(...)
Et TF1 a contribué à rendre les cerveaux disponibles à la communication élyséenne : c’est ce que reconnaît a implicitement François Bachy, quand il évoque les objectifs de Nicolas Sarkozy, avec si peu de distance qu’il laisse penser qu’il les soutient.(...)
C’est à ce simulacre de proximité et à l’exécution de cet exercice que TF1 a apporté son concours. Les motifs de cette sollicitude ne sont pas strictement ou exclusivement politiques ; ils sont également médiatiques, puisqu’il s’agit de se donner les moyens d’une large audience.(...)
On ne change pas un « concept » qui gagne : hormis le décor (comme on peut le voir en « Annexe »), l’identité des invités et quelques détails, de 2010 à 2011 l’essentiel fut conservé.(...)
« C’est d’abord les thèmes qui ont été choisis et ensuite les personnes pour les illustrer. » On ne saurait mieux dire qu’il s’agissait d’un « casting » destiné à attribuer des rôles. Or TF1, de l’aveu même de Jean Michel Aphatie, admiratif, mais déçu du résultat « possède un immense savoir-faire en terme de casting [1] ».(...)