
Quel projet de civilisation !
Réfugiés climatiques, misère, précarité, épuisement des sols et de la ressource en eau, famine et guerre pour le contrôle des énergies fossiles, folie nucléaire, dérégulation sociale et criminalisation de la révolte, de la pauvreté et de l’alternative, c’est cela que l’économie capitaliste et productiviste réserve comme avenir à plus de 6 milliards d’humains.
Qui pourrait croire qu’il suffirait de « battre la droite » aux prochaines élections régionales pour apporter des réponses décentes à ces catastrophes environnementales, sociales et humaines ?
Malheureusement, cette illusion de la prise du pouvoir institutionnel, comme préalable à tout changement, est également entretenue par une partie de la « gauche de la gauche ». Et c’est pourquoi, dans la défaite comme dans la « victoire », cette chimère a toujours provoqué des déceptions et des démobilisations.
Nous objectons une autre stratégie : atteindre une masse critique
permettant d’enclencher un changement dans toute la société, par le déploiement des alternatives concrètes et des contre-pouvoirs....
...Changer de point de vue : sortir du capitalisme, cesser de croire qu’accumuler c’est « profiter » ; réorienter nos pratiques ; bifurquer vers une voie soutenable et potentiellement heureuse. Les décroissances de la production et de la consommation appellent à un autre cadre théorique et pratique dans lequel elles pourront se réaliser. Ce cadre affiche une double ambition : mettre tout autant fin aux rapports injustes et irresponsables qui sévissent dans nos sociétés d’abondance qu’aux rapports que les pays riches entretiennent avec les pays qu’ils ont appauvris. Ce nouveau « paradigme » nous le nommons : objection de croissance.
...Nous ne devons plus songer à prendre au préalable ce pouvoir : pour agir contre toutes les dominations, il faut créer sans attendre les conditions de la maîtrise du sens de nos vies et la décolonisation de nos imaginaires.
Ce combat doit-il se passer de participer aux votes et aux élections ? Faut-il mettre à l’écart de l’exercice concret de l’activité politique la majorité des citoyens ? Non. Le but, dans ce cas, c’est la qualité du débat public, et pas le résultat quantitatif.
Plutôt qu’accompagner le système, nos élus devront en affaiblir la domination en se mettant au service des luttes, des contre-pouvoirs, de l’expérimentation sociale et des alternatives : pas simplement en s’en faisant les relais mais en soutenant la capacité de tous à inventer leur propre vie, en rompant avec l’opacité de la gestion, les complicités électives, et la reproduction des élites....