
Marketing territorial ou vraie démarche environnementale ? En mai 2010, Segonzac a été le premier village français à être labellisé Cittàslow, un réseau international qui regroupe des villes engagées dans une réflexion sur le développement de leur territoire. Si les avancées à Segonzac apparaissent aujourd’hui limitées, les critères Cittàslow semblent orienter un peu les décisions municipales.
(...) Près de 150 villes, réparties principalement à travers l’Europe, forment ce réseau fondé en 1999 en Italie, dans le prolongement de la philosophie de Slow Food. Son objectif est « d’ancrer les communes dans l’espace et dans le temps, en réaction à un développement urbain déconnecté des réalités humaines, culturelles et environnementales » [1]. D’après la charte, une Cittàslow doit nécessairement comprendre moins de 50 000 habitants. Concrètement, pour en faire partie, il faut, par exemple, développer les zones piétonnes, favoriser les commerces de proximité et les marchés locaux, développer les transports « doux », lutter contre le bruit, exclure les lieux de restauration rapide et les OGM, etc. (...)
Segonzac a obtenu la note de 55,3 sur 100, et contre une adhésion de 600 euros, elle est devenue Cittàslow. « Entrer dans ce label, c’est avoir la volonté de travailler l’ensemble de ces critères », précise Colette Laurichesse. Une nouvelle exigence, qui oriente les décisions des élus. Quand il faut choisir ce qui remplacera la station d’épuration du village, en fin de vie, la municipalité envisage la technique des « jardins filtrants ».
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Comme dans la plupart des villes Cittàslow, le projet est essentiellement porté par la municipalité et son maire, Véronique Marendat, conseillère régionale du Nouveau Centre. C’est là une des différences fondamentales avec le réseau des villes en transition, qui se caractérise par une approche « bottom up », à partir des habitants. Ces deux réseaux ont néanmoins pour point commun la volonté d’être apolitique. Il est interdit de lier le label à un parti politique (...)
Du côté de la population, les avis semblent partagés. (...)
« L’idée de base est bonne, mais le problème, c’est qu’ici on n’a pas la même culture que les Italiens, explique un ouvrier agricole, au comptoir du café du village. Les plus gros producteurs de cognac vivent à Segonzac. Leurs propriétés sont immenses mais fermées. Il y a peu de vie et de solidarités ici. »
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