Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24
Sénégal : psychose pour les homosexuels après une série d’agressions et d’appels à la haine
Article mis en ligne le 12 juin 2021

Au moins quatre hommes ont été agressés et arrêtés, comme en témoignent des vidéos, depuis le 23 mai au Sénégal, date d’une manifestation homophobe organisée à Dakar par un collectif conservateur pour demander que l’homosexualité ne soit plus considérée comme un délit, mais un crime. Selon des militants, au moins 150 hommes auraient également été menacés du fait de leur homosexualité et plusieurs auraient fui. Notre Observateur fait état d’une panique qui a gagné la communauté homosexuelle.

Les quatre vidéos ont été tournées entre le 6 et le 9 juin. Nous n’en publierons que des captures d’écran pour ne pas exposer davantage les personnes agressées.

Le 6 juin, c’est un enseignant qui a été pris à partie par un groupe d’individus à Dakar. On entend dans la vidéo ses agresseurs menacer de lui "couper les testicules", dans le but d’en "faire une femme". (...)

Toujours à Dakar, le 7 juin, un jeune homme a été agressé après avoir été vu dans le quartier de Yoff avec un autre, connu dans son quartier pour être homosexuel. Ce dernier a pris la fuite, mais la victime a été mise à terre par ses agresseurs, giflée et fouettée, frappée à plusieurs reprises. (...)

Le même jour, un homme a également été alpagué alors qu’il sortait de sa voiture au niveau de la corniche de Dakar. Il portait, selon nos informations, un boubou court, qui laissait apparaître ses jambes, ce qui lui a valu d’être traité de "goorjigéen", un terme qui signifie "homme femme" en wolof. Un attroupement s’est formé, avant que la police n’intervienne et ne l’arrête. (...)

Tous les hommes agressés dans ces vidéos ont été ensuite arrêtés par la police et étaient toujours détenus, selon notre Observateur, à la publication de cet article, le 11 juin.

Concernant l’homosexualité, le code pénal sénégalais parle d’"acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe" et prévoit des peines allant d’un à cinq ans de prison. Ces agressions s’inscrivent dans un contexte de regain général de violences envers les homosexuels au Sénégal. Le 23 mai, une manifestation organisée à Dakar par un collectif soutenu par le rassemblement islamique du Sénégal avait demandé que l’homosexualité ne soit plus un délit, mais un crime, avec des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à dix ans.

Dans cette manifestation, comme à travers des pétitions et des prises de paroles publiques ces dernières semaines, diverses personnalités ont appelé à "brûler" les homosexuels et à les dénoncer. (...)

"Depuis le 23 mai, le climat ici est horrible" (...)

La seule possibilité pour ces hommes d’échapper à la prison, c’est de connaître quelqu’un qui a le bras long" (...)

Des vidéos d’agression similaires à celles des derniers jours circulent régulièrement au Sénégal depuis plusieurs années. Des manifestations contre l’homosexualité ont également déjà eu lieu, notamment en 2015.

Interrogé sur la possibilité d’une légalisation de l’homosexualité dans son pays en février, le président sénégalais Macky Sall avait déclaré : "Ça, ce n’est pas possible parce que notre société ne l’accepte pas. La société va évoluer, ça prendra le temps que ça prendra. Chaque pays a son propre métabolisme".