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Libérer le travail
Article mis en ligne le 7 novembre 2016
dernière modification le 2 novembre 2016

Si le travail est en perte de sens, les transformations qu’il connaît actuellement pourraient ouvrir des opportunités pour y restaurer l’intelligence.

Le travail, dans nos sociétés, est traversé par un paradoxe vertigineux. D’un côté, le réflexe en vertu duquel nous nous définissons d’abord par notre profession montre à quel point il n’a jamais autant été à la base de la vie sociale des individus. De l’autre, la massification du chômage et la prolifération des bullshit jobs montrent à quel point le travail se fait toujours un peu plus rare et dépourvu de sens. Confronté à ce paradoxe de moins en moins soutenable, Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon et directeur de l’Institut français du gouvernement des entreprises, s’interroge sur la place qu’il conviendrait de reconnaître au travail dans notre société. Il identifie les fronts où pourrait se jouer cette reconnaissance en regard des transformations que connaît le travail aujourd’hui.

Condition du travailleur

Le travail est au fondement du vivre ensemble, tout du moins le travail libre, celui dans lequel le travailleur n’est pas empêché d’éprouver le sens de ses actes, lorsque sa condition le permet. C’est-à-dire lorsque la condition qui lui est faite ne le contraint pas à s’épuiser dans la poursuite des moyens de sa survie, ne le place pas sous le commandement d’un ordre social qui ne lui laisse aucune latitude, ne lui interdit pas d’exprimer ses qualités et de développer ses compétences et, enfin, ne le prive pas de pouvoir trouver un sens à son travail. Autrement dit, de pouvoir faire un travail qu’il juge utile et au sein duquel il est en capacité d’identifier sa contribution (puisqu’il n’est pas de travail que l’on ne réalise pas à plusieurs).

Ce travail ne se limite pas au travail salarié, auquel l’économie fondée sur le marché a toutefois tendance à l’assimiler, puisqu’il recouvre aussi bien le travail domestique, le travail bénévole, le « travail du consommateur » – c’est-à-dire celui que lui délèguent de plus en plus fréquemment les entreprises auprès desquelles il acquiert des produits ou des services – et le travail indépendant. (...)