Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Greenpeace
Signature de l’accord de Paris sur le climat : où est l’exemplarité française ?
Article mis en ligne le 22 avril 2016

Aujourd’hui se tient à New York la première étape du processus de ratification de l’Accord de Paris dont a accouché la COP21 en décembre dernier. Plusieurs chefs d’État se retrouvent pour une cérémonie où ils doivent donner officiellement leur aval à la poursuite de la mise en œuvre de l’accord.

Maintenir la pression

Mais attention : il ne s’agit pas d’une procédure de ratification en tant que telle. La ratification doit emprunter des voies nationales : dans la majorité des cas, la ratification de l’accord requiert l’aval de la représentation nationale de chaque pays, donc le vote du Parlement (quand il y en a un). L’accord de Paris est censé servir ensuite de principe directeur à des politiques publiques concrètes. L’enjeu de cette cérémonie est donc plutôt de donner de la visibilité à l’agenda climatique international, d’assurer une continuité et une mobilisation des diplomaties environnementales et de maintenir la pression sur les parties (les États membres de la COP). En somme, entretenir une dynamique.

Pour que l’accord entre en vigueur au niveau international, il faut que les États qui le ratifient représentent au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Pour l’instant, ce sont les États-Unis, la Chine et le Canada – lesquels devraient parvenir à une ratification cette année – qui poussent pour une entrée en vigueur la plus rapide possible de l’accord. Du côté des mauvais élèves, on trouve plutôt l’Australie (plombée par un gouvernement climato-sceptique), l’Inde (qui prétend avoir encore besoin des centrales à charbon pour soutenir sa croissance et résorber les inégalités extrêmes du pays) ou certains États pétroliers du Proche-Orient. Les choses risquent également de traîner du côté de l’Union européenne : il faut que les 28 États membres se mettent d’accord. L’ONU prévoit cependant un nombre record de signataires (autour de 160). (...)

Il est donc urgent que chaque État s’engage dès à présent dans des politiques environnementales plus ambitieuses, en commençant par stopper toute subvention au secteur des énergies fossiles – 80% des ressources connues doivent impérativement rester dans le sol pour avoir une chance d’atteindre l’objectif fixé par l’accord. (...)

La France à la traîne sur la transition énergétique

On attend toujours un pas dans la bonne direction du gouvernement français, qui tiendra la dernière conférence environnementale du quinquennat dans la foulée de la cérémonie new-yorkaise.

Les signaux ne sont pour l’instant pas bons. (...) il est important que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit mettre en musique la loi sur la transition énergétique votée l’année dernière, engage réellement une sortie du nucléaire pour aller vers un déploiement massif des énergies renouvelables (croissance record en 2015, avec des investissements à hauteur de 300 milliards d’euros dans le monde) – ce qui ne semble pas vraiment se dessiner à l’heure actuelle. Une feuille de route doit voir le jour début juillet 2016. Or l’équation est claire : pour parvenir à réduire la production nucléaire à 50% du mix électrique français d’ici à 2025, comme le prévoit la loi, il faut fermer 29 réacteurs.

Changer la donne sur les transports et la fiscalité

En outre, peu de choses vont vraiment dans le bon sens en ce qui concerne le secteur des transports, responsable de 27% des émissions de GES en France (...)

Par ailleurs, l’État français continue de soutenir le secteur fossile à l’étranger, notamment via des institutions financières internationales. (...)

Enfin, la fiscalité écologique de la France n’est toujours pas au niveau. (...)

La société civile décisive

La société civile doit donc rester active, vigilante et mobilisatrice pour que, d’une part, les efforts internationaux entamés lors de la COP21 perdurent et se renforcent, et que d’autre part chaque État, chaque région, chaque commune, bref chaque échelon de la société se tourne résolument vers des modes de production et de consommation compatibles avec une préservation durable de l’environnement.

Nous n’avons pas le choix. Car sans pression venant de la société civile, des citoyens engagés, les pouvoirs en place ne prendront pas leurs responsabilités. La crise écologique est un enjeu démocratique.