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Basta !
« Silence, des ouvriers meurent » : sur les chantiers du Grand Paris, des accidents de travail à répétition
Article mis en ligne le 5 juillet 2022

Mise à jour du 5 juillet 2022

A la suite de nouveaux accidents du travail grave dont Basta ! a pu prendre connaissance, les chiffres (mais pas la carte) ont été actualisés. En date du 5 juillet 2022 au moins 18 accidents du travail graves ont eu lieu sur un chantier lié au Grand Paris (Grand Paris Express, projet Eole, Jeux Olympiques) depuis le 1er janvier 2020. Quatre personnes en sont mortes.

Basta ! a recensé au moins dix-huit accidents du travail graves, dont quatre ayant entraîné la mort d’ouvriers, sur les chantiers liés au Grand Paris et aux Jeux olympiques. Le recours à l’intérim et à la sous-traitance en cascade pose question.

« "Mourir au travail" : sérieusement ? On en est encore là de la vision du monde du travail ?! » Ces mots sont ceux d’Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines et conseillère régionale d’Île-de-France, en réponse à un tweet de Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, en 2019. Notre enquête sur les chantiers liés au Grand Paris – qui consiste en une grande transformation du paysage urbain avec un renouvellement des réseaux de transports – montrent que dans la région où Aurore Bergé est conseillère régionale, mourir au travail n’est pas une « vision ». C’est une réalité.

Le 28 février 2020. Maxime Wagner, 37 ans, intérimaire pour Dodin Campenon-Bernard, filiale de Vinci, travaille sur le chantier de prolongement de la ligne 14 vers le sud, à Villejuif. Au sein du tunnelier – cette énorme machine qui permet de creuser des tunnels – il s’affaire à déboucher une conduite en métal dont la partie finale est souple. Quand il arrive à ses fins, la pression de l’air qui sort de la conduite est telle que celle-ci fait un large mouvement de coup de fouet et vient violemment heurter la tête du salarié. Hospitalisé en urgence absolue, il souffre de multiples lésions cérébrales et au visage. Trois semaines plus tard, dans la nuit du 18 au 19 mars et alors que la France rentre dans son premier confinement, Maxime Wagner meurt de la suite de ses blessures, dans un anonymat total.

Cet accident du travail, dont Basta ! n’a trouvé aucune trace publique avant la parution, il y a quelques jours, d’un article de Libération, est un des rares pour lequel l’enquête de l’inspection du travail est déjà terminée. La conclusion est claire : la responsabilité de l’entreprise est engagée. (...)

La mort de Maxime Wagner n’est que le premier d’une liste d’accidents particulièrement graves qui, depuis deux ans, ne fait que s’allonger. (...)

« Il faut réfléchir à la question des causes et de l’organisation du travail »

Quatorze autres personnes, au moins, ont également été grièvement blessées sur les chantiers liés au Grand Paris et aux JO entraînant, pour la plupart d’entre eux, des incapacités à vie. Le dernier date du 5 juillet 2022. Basta ! a appris qu’un ouvrier italien de 20 ans avait eu le bras arraché sur le chantier de la ligne 16, à Aulnay-sous-Bois, en travaillant sur la bande convoyeuse du tunnelier. Une information confirmée par la Société du Grand Paris. (...)