Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Les Mots sont importants
Silence, on soigne !
Aperçu des prises de position publiques de Médecins sans frontières (1 : les années 1970)
Article mis en ligne le 30 décembre 2011
dernière modification le 26 décembre 2011

Dans un nombre croissant de pays, les législations nationales ou les accords-cadres signés avec les autorités contraignent MSF à un strict devoir de réserve (Éthiopie, Russie, Zimbabwé, Sri Lanka...). La multiplication de ces restrictions crée un malaise au sein de l’association, qui revendique l’usage d’une parole libre et agissante. Elle oblige ses responsables à se pencher à nouveaux frais sur une question constamment débattue depuis sa création : pourquoi intervenir dans le débat public ? Façonnées par les expériences de terrain et les courants idéologiques dominants, les réponses apportées par l’association ont évolué en quarante ans. Extrait du livre Agir à tout prix, ce chapitre donne un aperçu des principales positions publiques adoptées lors des conflits armés par MSF, dans un contexte successivement marqué par la guerre froide, l’effondrement de l’ordre bipolaire et le développement des interventions armées internationales se réclamant de la défense des droits humains.

(...)entre 1971 et 1975, la jeune association promeut une image dépolitisée mettant en avant le courage de ses volontaires et son efficacité technique médicale. C’est en 1977 qu’un représentant de MSF enfreint pour la première fois l’engagement statutaire à la confidentialité. Lors de son retour des camps de réfugiés cambodgiens à la frontière thaïlandaise, Claude Malhuret dénonce sur la première chaîne de télévision française les « crimes révolutionnaires » des Khmers rouges, qui « exterminent des secteurs entiers du peuple au nom d’une voie communiste rénovée1 ». (...)

Neuf ans après la création de MSF sur la base du silence et de la neutralité, ses dirigeants font de la prise de parole publique une modalité de l’action humanitaire permettant de soutenir et de prolonger les politiques d’assistance. (...)

Par le biais de l’opinion, MSF s’adresse à l’ONU, aux ONG et aux États occidentaux, dont elle vise à transformer les pratiques d’assistance afin que celles-ci ne dépassent pas « la limite, floue mais bien réelle, au-delà de laquelle l’aide aux victimes se transforme insensiblement en soutien aux bourreaux10 ».

Au final, dénonçant le totalitarisme communiste comme l’origine des plus grands désastres humains et du retournement de l’action humanitaire contre ses bénéficiaires, MSF fait cause commune pendant la guerre froide avec le camp libéral. (...)

Wikio