
Partout en France, les mouvements engagés par les collectifs précaires se poursuivent. A Tours, une AG aura lieu mardi 14 octobre. Pour cette rentrée 2014, certains précaires ont accepté de témoigner. Ils racontent ce qu’est concrètement la précarité à l’université. Voici le cinquième portrait de cette série : celui de Sophie, enseignante-vacataire à l’Université de Tours.
Sophie est titulaire d’un doctorat et enseigne à l’Université. Comme de nombreux jeunes chercheurs [1], elle n’est cependant pas titulaire de son poste. Elle exerce donc sous « contrat d’enseignement » [2] depuis 3 ans après 3 autres années comme chargée de cours, et essaie tant bien que mal de poursuivre ses activités de recherche en parallèle.
Si vous l’observez face à ses étudiants ou dans ses relations avec ses collègues, le travail de Sophie vous semblera être le même que celui de n’importe quel enseignant-chercheur titulaire. Seules changent les conditions dans lesquelles Sophie exerce.
Sophie : enseignante-jetable
Cette année, Sophie effectuera entre septembre 2014 et juin 2015 plus de 220 heures de travaux dirigés et un cours magistral en amphithéâtre pour un salaire net de 750 euros par mois. Depuis plus de 3 ans, elle enseigne plus de 190 heures par an à l’université. A titre de comparaison, un maître de conférences en début de carrière est payé 1725 euros net pour un service annuel de 192 heures d’enseignement.
Pour compléter ce maigre salaire universitaire, Sophie enseigne également sous le régime de la vacation [3] dans d’autres établissements privés. Elle cumule donc des emplois précaires « fléchés » pour des individus diplômés de l’enseignement supérieur. Si elle ne compte pas son temps dans la préparation et la correction des cours, elle est devenue une habituée des contrats signés à l’heure de vacation : contrats de deux ou trois heures de travail. Considérée comme un « prestataire de service », elle est une variable d’ajustement ayant assuré à de nombreuses reprises des responsabilités pédagogiques revenant normalement aux salariés titulaires.
Pendant les vacances universitaires d’été, « grâce » à son contrat d’enseignement, c’est pôle-emploi qui prend le relai de ses activités-saisonnières. (...)
Illustration : l’Université de Tours vient d’ouvrir un campement à Saint-Cyr-sur-Loire destiné aux travailleurs/es précaires. Réservez vite vos tentes... il n’y en aura pas pour tout le monde !