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Greek Crisis
Sourds et muets
Article mis en ligne le 3 juin 2015

Au-delà des apparences, notre époque serait assez sourde et suffisamment muette. Cependant, la Grèce s’habille de son soleil comme chaque été, et la saison s’annonce même très bonne en dépit des incertitudes. Les touristes, déjà fort nombreux à nous rendre visite, sont fiers de l’être et cela se voit. Le... compromis grec aurait donc dès lors un sens.

Cette semaine a même débuté sous la précipitation médiatique, quant à l’accord (présumé) proposé par la Grèce aux créanciers, autrement-dit aux instances... “escrocrates” si largement planétaires. C’est à prendre ou à laisser, semble alors suggérer Alexis Tsípras en personne.

“Quelle leçon de choses ! Qu’ils discutent de l’avenir de l’Europe ou qu’ils essayent de se dépêtrer de l’embrouille grecque dans laquelle ils se sont fourrés, les dirigeants européens se caricaturent eux-mêmes. Il a fallu réunir hier les plus hautes autorités du FMI, de la BCE, de la Commission européenne, de l’Allemagne et de la France pour aplanir leurs divergences - sans y parvenir totalement semble-t-il - car celles-ci devenaient le principal obstacle à un compromis avec le gouvernement grec, qui ne peut plus être retardé. Durant ces mois de négociations, ces dirigeants ont marqué des buts contre leur propre camp en formulant des exigences qui ne pouvaient pas être acceptées, et il faut maintenant se résoudre à les assouplir, le moins possible cela va de soi. Quelle clairvoyance, quelle sûreté de jugement !”, écrit de son côté sur son blog Paul Jorion. (...)

La rue grecque toutefois, elle observe alors passive... sans plus attendre son heure, qui ne viendra plus. Mendiants, récupérateurs d’objets divers, banquiers... réellement existants, nantis tout comme des sans-abris authentiques, tout y est. Car la crise, de par son caractère soudain devenu somme toute permanent, a d’abord été présentée par les gouvernements de l’aporie et qui se succèdent, comme une grande coupure, relevant d’un bouleversement définitif à travers “l’horizontalité” du temps vécu.

Depuis le printemps 2010, la dette souveraine s’est imposée dans la maîtrise du temps politique et symbolique, et pour ainsi dire, par la dépossession généralisée de toute vision du futur. Cependant, SYRIZA a pourtant le mérite d’avoir posé ouvertement et officiellement, autrement-dit de manière politique, le problème de la non viabilité de la dette dite “grecque”. (...)

La Grèce patauge sans trop se montrer mecontente vis-à-vis de son gouvernement (pour l’instant), les faillites d’entreprises connaissent pourtant une nouvelle montée de fièvre et les fournisseurs de certaines pièces et produits mettent la clé sous la porte. Les exportateurs étrangers (le plus souvent européens), exigent des leurs clients grecs, le règlement par avance et par versement, avant toute commande livrée. Asphyxies. (...)

Le contraste, entre le vécu... d’en bas, et les éclaircissements... de gauche est certain. “Nous avons baissé notre froc, il faut sortir de l’UE et de toute manière, le nœud du problème c’est la dette, insoutenable et en partie injustifiée. Il aurait fallu cesser de payer et faire faillite dès janvier”, a déclaré au journaliste venu de France, Yannis, chauffeur de taxi et ingénieur chimiste de son vrai métier perdu à jamais. (...)