Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Soutiens à Delahousse : la célébration journalistique d’un journalisme aux ordres
Article mis en ligne le 23 décembre 2017

Dimanche 17 décembre, Laurent Delahousse et Emmanuel Macron conviaient les téléspectateurs à une petite déambulation élyséenne, courtoisement appelée « entretien », mais qui avait toutes les caractéristiques du « coup de brosse à reluire ».

Le spectacle et les quantités invraisemblables de cirage déversées par l’animateur de France 2 sur son hôte ont suscité l’indignation, dont celle de journalistes de nombreux grands médias, disposés pour une fois à critiquer – le temps d’un buzz, ne rêvons pas trop – « l’art de l’interview » tel que pratiqué par un ténor de l’info [1].

256 enfants en centres de rétention en 2017 en métropole : tel est le chiffre communiqué hier par La Cimade, confirmant une augmentation continue de ces placements depuis 2014 malgré les dégâts engendrés sur des enfants qui ont déjà des vies si compliquées : « cela reste une pratique maltraitante et contraire à l’intérêt de l’enfant qui se trouve plongé dans un univers carcéral, de murs, de barbelés, de policiers en armes et de vidéosurveillance » expliquait ainsi Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade en 2016.

Rien d’étonnant donc à ce que de tels enfermements conduisent la France à être condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. (...)

c’est donc en journaliste assiégé que Laurent Delahousse a tenu à esquisser sa propre défense sur Twitter en relayant un à un les journalistes (entre autres) qui lui ont témoigné soutien et compassion dans cet immense moment de détresse (...)

Ainsi donc, les impertinents ayant critiqué le journalisme de révérence à la mode Delahousse sont « jaloux », « grincheux », « haineux », « aigris » et « perfides » ! Il est vrai que mesuré à l’aune de sa pugnacité et du ton que leur héros réserve à ses puissants interlocuteurs, le monde doit sembler bien cruel au fan-club de Laurent Delahousse...

Nous écrivions dans notre précédent article qu’« à n’en pas douter, les candidats honorés – c’est une condition sine qua non – d’être conviés à badiner avec le souverain en sa demeure ne manquent pas. » La liste est-elle pré-établie ?

Nous remercions Laurent Delahousse d’avoir compilé pour nous les éloges futiles et complaisants de son exercice de communication. En plus d’être une mise en scène égocentrée et pathétique, cette revue de presse a le mérite d’illustrer deux traits des journalistes dominants : l’incapacité à questionner leurs pratiques et la défense corporatiste et jusqu’au-boutiste d’une vision servile et superficielle de leur métier.