“En ce qui concerne le comportement humain, les choses ne changent pour le mieux que lorsqu’il y a une perception lucide et sans entrave de ce qui se passe. (...)

Qu’il s’agisse d’individus ou de l’humanité dans son ensemble, l’histoire du progrès humain a toujours été celle du passage de la cécité à la vue. De l’inconscience à la prise de conscience. De l’extinction des lumières dans la pièce au rallumage de ces dernières.
Il n’y a pas de progrès sans une vision claire. Nous ne pouvons pas progresser vers la santé et l’harmonie si nous ne pouvons pas percevoir avec lucidité les façons dont nous sommes encore malades et dysfonctionnels. Nous ne pouvons pas avancer si nous n’avons pas conscience des moyens spécifiques dont nous sommes privés.

La plupart d’entre nous, à un certain niveau, veulent que les choses changent pour le mieux dans notre monde. Quelques autres veulent que les choses restent les mêmes, parce qu’il se trouve que le statu quo les traite assez bien, merci beaucoup. (...)

La lutte pour notre espèce, qui est en réalité la lutte pour notre survie même, se situe donc entre le grand nombre qui désire la vérité et le petit nombre qui désire la confusion. Nous avons les chiffres et la vérité de notre côté, mais ils ont le pouvoir, la richesse et un remarquable don pour la manipulation psychologique.

Nous voyons cette lutte se dérouler de nombreuses façons dans notre monde actuel. Entre la propagande et ceux qui essaient d’apprendre et de partager la vérité. Entre la poussée de la censure sur Internet et la lutte contre celle-ci. Entre le secret gouvernemental et la liberté d’information. Entre la campagne visant à emprisonner le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, pour avoir dénoncé les crimes de guerre américains, et la campagne visant à le libérer.

Le lundi 4 janvier, un juge britannique se prononcera sur l’opportunité de faire avancer le processus d’extradition d’Assange vers les États-Unis.

Il est important que les opposants à cette extradition sachent que le combat ne s’arrêtera pas à ce moment-là ; il reste une procédure d’appel épuisante qui pourrait prendre 18 à 24 mois, voire plus, dans le cas probable où la juge - incroyablement partiale - qui supervise l’affaire se prononcerait contre Assange.

Alors que nous nous préparons à la prochaine étape de ce combat, il est important que nous soyons parfaitement conscients de ce qui est en jeu ici.

Il est absolument vrai que cette affaire aura des répercussions considérables sur la liberté de la presse dans le monde entier. (...)

La question est de savoir si les États-Unis doivent être autorisés à emprisonner des journalistes pour avoir exposé leurs crimes de guerre.

Si les États-Unis parviennent à normaliser la légalité de l’extradition de tout journaliste qui expose ses méfaits n’importe où dans le monde, il y aura un effet de refroidissement mondial sur le journalisme de sécurité nationale qui entravera grandement la capacité de l’humanité à se faire une idée lucide et sans entrave de ce qui se passe dans le monde. La plus grande structure de pouvoir sur terre aura réussi non seulement à éteindre les lumières dans la pièce, mais aussi à mettre hors service l’interrupteur. (...)