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le nouvel observateur
Stagiaire à la City, à 21 ans, il est mort d’avoir trop travaillé
Article mis en ligne le 24 juillet 2014
dernière modification le 20 juillet 2014

Moritz Erhardt, en stage dans une banque londonienne, est décédé après avoir travaillé 72 heures d’affilée. Un rythme habituel chez ces jeunes loups de la finance. Récit.

Un stage d’été de sept semaines, pour un salaire mensuel de 3.150 euros, décroché chez Merrill Lynch à la City de Londres, le Graal pour débuter une carrière dans le monde de la finance. Moritz rêvait d’une vie à la Gordon Gekko, le golden boy de Wall Street incarné par Michael Douglas dans le film d’Oliver Stone. Sur sa page Facebook, il avait même posté une photo de lui cheveux gominés, en chemise et bretelles pour parodier le personnage. Il ne lui restait plus qu’une semaine pour montrer tout ce dont il était capable.

Cent heures par semaine

Alors quand son responsable, Juergen Schroeder, a reçu un e-mail envoyé à 4 heures du matin, il n’y a rien vu d’extraordinaire. II était entendu que dans le département des fusions et acquisitions où se trouvait Moritz, "la meute des M&A" (Mergers and Acquisitions), on ne partait que lorsque le travail était fini. D’une manière générale, dans la banque, la very long-hours culture était bien ancrée.

Dans leur contrat, les employés de Bank of America-Merrill Lynch, comme ceux de tous les établissements du Square Mile, signent une clause stipulant qu’ils acceptent de travailler au-delà du temps légal. La moyenne dépasse les cent heures par semaine pour les stagiaires qui travaillent six jours et demi sur sept. En contrepartie, passé 21 heures, les livraisons de repas et les taxis sont pris en charge. Certains se lancent même des défis, à celui qui tiendra éveillé le plus longtemps. L’esprit de compétition fait partie des vertus cardinales d’un aspirant financier... Moritz était sans conteste un des plus combatifs.

Le brillant garçon avait bien confié à son superviseur qu’il était un peu triste d’arriver à la fin de son stage, mais Schroeder l’avait rassuré en lui promettant qu’on allait l’embaucher. "Il ne semblait pas fatigué et avait le même entrain que d’habitude", expliquera-t-il aux enquêteurs (...)

"Ces financiers qui pilotent leur vie comme une formule 1 cumulent tous les facteurs de stress qui y conduisent : une lourde charge cognitive, des exigences émotionnelles fortes et le surinvestissement. C’est le même type d’effondrement de l’organisme par stress aigu ou massif qui peut survenir lors d’une guerre." (...)