
Après qu’un chauffeur de bus eut été tué à Bayonne le 5 juillet 2020, des militants d’extrême droite ont diffusé sur les réseaux sociaux les photos de deux personnes décrites comme d’origine étrangère, affirmant qu’il s’agissait de deux des quatre auteurs présumés de ce crime. Les élus du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont relayé ces photos accompagnées de commentaires menaçants : « il est temps que la peur change de camp ».
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) est choquée par la mort de Philippe Monguillot dans l’exercice de ses fonctions à la suite d’une agression intolérable et exprime son soutien moral à la famille et aux proches de celui-ci. Le ou les auteurs de ce crime doivent être poursuivis par la justice et sanctionnés à la mesure de cet acte odieux.
Fidèle à sa tradition de délation et de haine raciste, par ces messages publics sur les réseaux sociaux, l’extrême droite a voulu instrumentaliser cette mort. En faisant ainsi, elle appelle à l’esprit de vengeance, attise la xénophobie et le racisme. Une nouvelle fois, elle stigmatise des catégories de la population comme responsables de tous les maux de la société et, de fait, incite à la violence.
La LDH demande à la justice de se saisir de cette incitation à la haine en ligne en poursuivant ses auteurs racistes et les éventuelles complicités, notamment en éclairant les conditions dans lesquelles des photos d’identification policière ont pu être récupérées et utilisées par ces militants d’extrême droite.
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« Plus jamais ça » : à Bayonne, l’ultime adieu à Philippe, le chauffeur de bus agressé
(...) plus de 600 personnes ont pu suivre les obsèques de Philippe Monguillot. Le chauffeur de bus, qui était en état de mort cérébrale depuis son agression le 5 juillet, a succombé à ses graves blessures, le 10 juillet. Quatre hommes ont été mis en examen, dont deux âgés de 22 et 23 ans, pour « homicide volontaire » et placés en détention provisoire. Ils avaient asséné plusieurs coups de pied et de poing au chauffeur de bus qui leur avait demandé de valider leur titre de transport et de porter le masque, au niveau de l’arrêt de Trambus « Balishon », à Bayonne.
Lors de cet ultime adieu au « Tigre », surnom donné par ses amis, le prêtre a parlé d’« attaque ignoble » d’« une grande injustice ». Sur le premier banc, l’épouse de Philippe et ses filles se tiennent la main, unies et dignes comme depuis le premier jour où elles ont appris la nouvelle qui les a anéanties. Véronique, 52 ans, très émue, s’adresse à son mari en se tournant vers le cercueil. « Mon amour, juste une chose, je t’ai aimé, je t’aime et je t’aimerai toute ma vie ». Forte, désireuse de mener désormais un combat pour la sécurité des chauffeurs de bus, Véronique adresse aux autorités cette phrase qui sonne comme un slogan : « Plus jamais ça ». (...)