
(...) il s’appelle en réalité Tal Hanan et il est à la tête d’une entreprise spécialisée dans la désinformation et l’influence, sans existence légale mais surnommée « Team Jorge ».
Hanan, un ancien des services secrets israéliens, tâche d’ordinaire de garder la plus grande discrétion sur ses activités. Une vaste enquête coordonnée par l’organisation Forbidden Stories, « Story Killers », publiée depuis le 14 février dans les médias de trente pays, révèle une partie de ses pratiques – et plus largement, la manière dont opèrent les entreprises spécialisées dans la désinformation de masse.
Cette enquête a été menée afin de poursuivre le travail de la journaliste indienne Gauri Lankesh, assassinée en 2017 alors qu’elle enquêtait sur la désinformation et les « usines à mensonges ».
Le continent africain y apparaît comme une cible de choix. Des tentatives de déstabilisation d’élections, de manipulation de l’opinion et des opérations de surveillance, toutes opérées pour le compte de riches clients, y sont révélées. Elles dressent un panorama vertigineux.
Armée d’avatars numériques en campagne au Sénégal (...)
Sous le nom de AIMS (Advanced Impact Media Solutions), la société israélienne pilotée par « Jorge » a développé un système semi-automatisé lui permettant de créer en un temps record des faux profils sur les réseaux sociaux.(...)
Ces profils sont utilisés afin de diffuser massivement certains contenus, opinions ou (fausses) informations sur les réseaux sociaux. Au total, la société israélienne assure disposer de 39 000 avatars, actifs sur Facebook, Twitter ou encore Instagram. (...)
« plus de 1 700 comptes Twitter et près de 250 comptes Facebook ».
Cette armée d’avatars aurait été utilisée lors d’une campagne pour la réélection du président Macky Sall au Sénégal en 2019, indiquent les médias ayant participé à l’enquête « Story Killers ».(...)
Faux comptes liés à l’armée française repérés en 2020(...)
La France, qui s’est un temps refusée à ces pratiques, assume désormais également de pratiquer « l’influence ». Y compris avec sa propre armée d’avatars (...)
Messageries piratées pour interférer dans la présidentielle kenyane
Pour agir sur les scrutins, la société israélienne ne se limite pas à son armée numérique. Comme le révèle le « hacking » en direct de la boîte Gmail de Farouk Kibet, elle semble avoir développé (ou acquis) des outils lui permettant d’accéder à des données personnelles de ses cibles – le contenu de comptes Gmail et Telegram, en particulier.(...)
« Tribune » pour déstabiliser les activités de la Croix-Rouge au Burkina Faso (...)
Faire paraître des tribunes, opinions ou articles de presse douteux dans des médias ou dans leur espace participatif, pour le compte de riches clients : là encore, la société israélienne n’est pas la seule à offrir ce genre de services.
En 2022, Mediapart révélait comment une entreprise française, Avisa Partners, était derrière une série de campagnes de désinformation visant la presse française. (...)