
Si la Turquie est la première victime du terrible tremblement de terre qui a frappé la région, la Syrie est aussi durement touchée. Avec des conséquences encore plus désastreuses, dues à une décennie de répression et de guerre et à des sanctions qui frappent avant tout les populations civiles.
Oubliée par la communauté internationale et les médias occidentaux après de longues années de guerre dont les conséquences continuent de se faire sentir, la Syrie s’est de façon brutale et tragique rappelée au monde au lendemain du séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie et fait un millier de morts sur son territoire, touchant de nombreuses zones du nord dont Alep, la deuxième ville du pays martyrisée. Au total le séisme a fait plus de 6 000 morts dans les deux pays. Quelques 23 millions de personnes pourraient avoir été touchées, indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mardi 7 février. (...)
Quel avenir pour les sanctions ?
Saisissant la situation désastreuse qui frappe la population syrienne, amplifiée par cette catastrophe naturelle, des responsables ont lancé un nouvel appel à la levée des sanctions des pays occidentaux. « Face à ce malheur qui frappe la population syrienne, peut-être les gouvernements des pays occidentaux pourraient-ils lever les sanctions contre la Syrie (…) Que Dieu nous protège ! » a déclaré le 6 février à Orient XXI Nabil Antaki, médecin et humanitaire qui dirige l’association des Maristes bleus, présente à Alep depuis le début de la guerre des années 2000.
Les Maristes bleus se sont donné pour mission de répondre aux besoins d’urgence de la population en accueillant notamment dans leurs classes des enfants issus des familles défavorisées de toutes les confessions, tout en organisant des cours de formation pour les adultes et des soutiens divers aux adultes. Leurs appels ces dernières années ont été relayés par de nombreuses ONG, églises et personnalités, sans résultat.
Les sanctions sont une série de mesures économiques prises par l’Union européenne (UE), les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Suisse et la Ligue arabe, essentiellement à la suite de la répression contre les civils lors à partir de 2011. En août 2011, les États-Unis ont mis en place un embargo sur le secteur pétrolier et gelé les actifs financiers d’un certain nombre de personnalités et celles de l’État lui-même, ainsi qu’une série de mesures ayant un large impact sur la population syrienne et le prix des denrées de première nécessité et produits médicaux. En septembre 2011, l’UE a adopté à son tour un embargo contre le secteur pétrolier syrien.
Punir Assad ou punir le peuple ? (...)
il s’agit notamment de punir le régime de Bachar Al-Assad pour ses exactions contre son peuple, et amener à la mise en œuvre d’un processus politique. (...)
Aux yeux de Paris et de Washington, qui prônent une politique dure vis-à-vis de Damas, le régime syrien demeure le principal responsable de la crise humanitaire en Syrie, où 13 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire d’urgence et commencent à subir les rigueurs de l’hiver sans mazout, ni essence ni électricité, avec une monnaie nationale en chute libre (la livre syrienne, engagée dans une spirale de baisse, vaut la moitié de sa valeur à l’automne 2002).
Dans ce bras de fer, Damas refuse toute assistance humanitaire extérieure qui ne passe pas par elle. Une impasse qui pourrait perdurer des années encore, avec un Bachar Al-Assad plus en place que jamais, une population lasse et laissée à son sort, et une communauté internationale qui détourne les yeux et a désormais d’autres priorités. (...)
À Alep, la situation est catastrophique
En attendant, le séisme a tôt fait de traumatiser autrement, mais autant des villes comme Alep avec ses deux millions d’habitants qui ont pourtant une terrible souvenir des bombardements traumatisants des années 2012-2018. (...)