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le Monde
Syrie : l’entreprise Lafarge mise en examen pour « complicité de crimes contre l’humanité »
Article mis en ligne le 30 juin 2018

La filiale du cimentier franco-suisse LafargeHolcim a été mise en examen jeudi dans l’enquête sur des soupçons de financement du terrorisme.

Coup de semonce dans le monde préservé des multinationales. La société Lafarge SA, filiale du cimentier franco-suisse LafargeHolcim, a été mise en examen, jeudi 28 juin, en tant que personne morale, des chefs de « violation d’un embargo », « mise en danger de la vie d’autrui », « financement d’une entreprise terroriste » et « complicité de crimes contre l’humanité ». La personne morale a été placée sous contrôle judiciaire avec une obligation de cautionnement de 30 millions d’euros, selon une source judiciaire.

Ce développement semblait inéluctable après que huit anciens cadres du groupe ont été mis en examen ces derniers mois pour « financement du terrorisme » et « mise en danger de la vie d’autrui » dans l’enquête visant des soupçons de financement de groupes terroristes en Syrie. La surprise est venue du quatrième chef d’inculpation retenu par les juges d’instruction : celui de « complicité de crimes contre l’humanité ».(...)

En visant la « complicité de crimes contre l’humanité », les magistrats ont suivi la logique développée par l’organisation non gouvernementale de lutte contre les crimes économiques Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR), dont la plainte avait déclenché l’ouverture de cette information judiciaire en juin 2017. (...)

« C’est la première fois qu’une entreprise est mise en examen pour complicité de crimes contre l’humanité dans le monde, ce qui marque un pas décisif dans la lutte contre l’impunité des multinationales opérant dans des zones de conflits armés », déclarent Sherpa et l’ECCHR, qui appellent Lafarge « à prendre ses responsabilités » en ouvrant un fonds d’indemnisation pour les anciens employés de sa filiale syrienne « afin que les victimes voient leurs préjudices rapidement réparés ».(...)

Le spectre d’une enquête américaine
La justice américaine s’intéresse également aux déboires de Lafarge et de son actionnaire. D’après le quotidien belge L’Echo, la police fédérale (FBI) et le ministère américain de la justice ont demandé à la justice belge « l’accès à toutes les pièces des dossiers syriens Lafarge/GBL ». Selon les informations du Monde, une requête similaire a été adressée à la justice française, laissant augurer l’ouverture d’une enquête outre-Atlantique, dont les conséquences pourraient se révéler plus lourdes pour LafargeHolcim. (...)