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THT : Lignes sous tension
Article mis en ligne le 13 mars 2015
dernière modification le 8 mars 2015

Le 13 décembre, Le Dauphiné libéré s’effraie  : « La France peut-elle encore mener à bien des grands travaux ? » Après Notre-Dame-des-Landes, Sivens et Roybon, des contestations de lignes électriques à très haute tension (THT) révèlent la stratégie commerciale d’EDF et l’entourloupe de la « transition énergétique ».

Coïncidence  : ce 13 décembre à Embrun, bourg paisible des Hautes-Alpes rivé au lac artificiel de Serre-Ponçon, une manifestation réunit trois cent personnes contre un de ces grands projets utiles au Kapital  : la « rénovation » du réseau de transport électrique de la Haute-Durance. Réseau de transport d’électricité (RTE) envisage, pour toute rénovation, d’augmenter sa capacité de 63 000 à 150 000 volts, et de rajouter 80 km de lignes à 225 000 volts. Ça va chauffer, mais les Embrunais ne l’entendent pas de cette esgourde. (...)

Construites en 1936, les lignes arrivent en fin de vie. Mais pourquoi une telle démesure ? Parce que les experts de RTE envisagent un doublement de la consommation électrique d’ici à 2050. Au moment même où les communicants officiels nous abreuvent de « sobriété » énergétique, l’affaire ne manque pas de sel. Officieusement, l’association Avenir Haute Durance (AHD) nous révèle que ces lignes permettront surtout de « desservir le marché italien » pour offrir des débouchés à la centrale de Marcoule. En effet, Enel Internazionale, homologue italien de RTE, admet être en pourparlers avec la France au sujet d’une ligne reliant les deux pays [1].

Le 6 octobre 2014, la ministre de l’écologie Ségolène Royal reconnaissait l’utilité publique de ces lignes à très haute tension entre Gap et l’Argentière-la-Bessée. La contestation prenait forme et mettait à jour ses divergences  : « L’association AHD et d’autres luttent contre cette THT depuis plusieurs années, explique Camille du collectif contre la THT, mais ils militent pour l’enfouissement de la ligne. » Pour Camille au contraire, « nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une telle position. Il n’y a aucune remise en question du nucléaire lorsque l’on propose l’enfouissement. Certes, la région est belle et la ligne passera aux portes du parc naturel des Écrins [2], mais nous ne pouvons limiter nos arguments à un enlaidissement de la nature. Attaquer la THT, c’est attaquer le nucléaire dans ses flux. [3] » (...)

À l’autre bout de l’Hexagone, dans le Nord-Pas-de-Calais, le doublement d’une ligne THT est elle aussi contestée. Perturbations de débats publics, manifs et petites échauffourées émaillent depuis deux ans l’entreprise participative de RTE. Ici aussi, la ligne THT permettra le commerce international de l’atome. Vers la Belgique notamment. Surtout, les justifications de RTE trahissent les dessous de la transition énergétique  : si la France compte baisser la part du nucléaire de 50 % sans fermer de centrale nucléaire, elle doit arithmétiquement construire d’autres sources électriques. (...)

Que l’électricité soit d’origine nucléaire, éolienne ou photovoltaïque, les lignes THT participent à entretenir le dogme d’une course énergétique sans fin. Dans le Nord et les Hautes-Alpes, des groupes encore minoritaires l’ont compris.