
Le projet d’accord entre les États-Unis et l’Union européenne (grand marché transatlantique, dit TAFTA) vise « la libéralisation réciproque du commerce des biens et services ainsi que des règles sur les questions en rapport avec le commerce […] au-delà des engagements actuels de l’OMC ».
Cette formulation d’apparence anodine signifie que rien ne doit faire obstacle à la liberté d’installation du capital et à l’extension débridée du commerce. Que la croissance des échanges mondiaux n’ait pas eu pour effet de favoriser la croissance (leur propre objectif, dont ne discute pas la nature ici) n’a pas grande importance. Que le dézingage du Code du travail et de celui de la Sécurité sociale, renforcé par les politiques « austéritaires » menées au nom de ces principes, ait produit des effets inégaux mais désastreux dans tous les pays de l’Union européenne, en particulier en Grèce, Espagne, Portugal, n’émeut pas les dirigeants et les technocrates de l’Union européenne.
Ces accords de « libre-échange » visent principalement à supprimer ou à réduire l’impact des normes de protection sociale, sanitaire, alimentaire, environnementale, à faire tomber tous les autres obstacles au « libre marché » (...)
Autrement dit, ces projets d’accord permettent la poursuite aggravée de la baisse des salaires, des pensions, de la protection sociale, du démantèlement des lois sociales et relatives aux conditions de travail et aux libertés syndicales.
Les projets de traités offrent en plus un mécanisme permettant aux firmes multinationales d’attaquer et de sanctionner un État dans le cas où une politique sociale ou de service public gênerait leur implantation ou la réalisation de leurs profits. (...)