
L’administration pénitentiaire texane vient d’être épinglée pour une politique de contrôle des lectures des prisonniers plutôt déroutante. 10.000 livres sont interdits dans les prisons du Texas, dont La Couleur pourpre d’Alice Walker, l’histoire d’une jeune femme noire dans l’Amérique des années 30 ou Freakonomics, un manuel de vulgarisation économique. À l’inverse, Mein Kampf d’Adolf Hitler ou des livres signés par un ex-leader du Ku Klux Klan sont autorisés.
The Dallas Morning News s’est procuré la liste des ouvrages autorisés et interdits dans les cellules des quelque 150.000 détenus dans les prisons de l’État : on compte, au total, 248.281 titres autorisés contre 10.073 autres, strictement interdits dans l’enceinte de la prison. C’est dans le détail de cette liste que des questions commencent à se poser : le journal a en effet tiré quelques titres plutôt... malvenus. (...)
L’art de marcher sur la tête
Les raisons invoquées par l’administration sont les suivantes : les livres ne doivent contenir aucune référence à la fabrication d’armes ou de drogues, ni d’évocation graphique d’actes sexuels « comme le viol, l’inceste, la sexualité avec un ou une mineur, la bestialité, la nécrophilie ou le bondage », et encore moins d’informations incitant ou facilitant l’organisation d’émeutes ou la dissimulation d’actes criminels.
Pour le sexe, des descriptions d’actes effectués en toute légalité et avec un consentement mutuel sont autorisées, comme dans... 50 Nuances de Grey. Sous ces restrictions, certains ouvrages se retrouvent alors interdits : La Couleur pourpre, par exemple, décrit de manière crue un inceste, tandis que Freakonomics se penche sur l’économie derrière le trafic de drogues.
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Pour d’autres ouvrages, c’est plutôt la forme qui gène : certains titres, comme les pop-up, pourraient permettre de dissimuler des articles de contrebande dans leurs pages. (...)
Les premiers censeurs des livres reçus au sein des prisons du Texas sont les employés qui réceptionnent le courrier. Les détenus peuvent faire appel de leur décision, et le livre est alors présenté à un conseil d’administrateurs, qui tranche : ensuite, le détenu peut attaquer la prison en justice, faire expédier le livre à quelqu’un en dehors de l’établissement ou autoriser la destruction de l’ouvrage en question.